Après deux articles (celui-ci et celui-là qui ont fait exploser les stats de ce site, attirant une bonne douzaine de lectrices et lecteurs (un chiffre inouï, vous en conviendrez !), voici donc un troisième post qui pourrait bien nous faire monter à quinze visionnages et ainsi côtoyer des sommets de popularité dont a chu récemment le MCU.

Trick’r treat

On avait commencé à le regarder un soir et on s’est endormis devant, mais ce film façon anthologie d’horreur a d’énormes qualités : un bon casting (la palme revenant à Dylan Baker, qui joue toujours de formidables saligauds et ne déroge pas ici à la règle), un rythme efficace alors que le récit est déstructuré (tout se passe un peu dans le désordre), et surtout, surtout… des questions ! Pour moi, la vraie qualité d’un récit intéressant consiste à poser des questions, mais aussi à y répondre. Un bon récit, c’est un puzzle qu’on donne à résoudre aux spectatrices et spectateurs, avec suffisamment de pièces pour qu’il forme une image cohérente, même si cette image elle-même est une énigme (cf. la fin d’Infiniti Pool dont je parlais ici).

Et ici on a un puzzle tout simple, où tout s’emboîte facilement, sans trop d’effort. Des choses au bout du compte très convenues, avec pour objectif d’imposer une nouvelle figure de l’horreur en la personne du “petit gus avec la tête dans le sac” (ça n’a pas vraiment fonctionné, pas de bol), un amour évident pour les EC comics et surtout pour le film Creepshow (avec une brève séquence d’intro animée), et une belle générosité. Le film n’essaie pas d’être plus malin que son principe : il offre ce qu’il a à offrir et résoud la majorité de ses mystères à la fin, et c’est très bien comme ça. Simple, honnête, gore quand il le faut, et un score de cinq étoiles sur cinq au cinépizzaentrepotesmètres : c’est agréable à regarder, prévisible, on peut louper une partie des dialogues en discutant avec les copains, et les histoires sont marrantes à défaut d’être originales (et bien filmées, ce qui ne gâte rien). N’allez pas y chercher un chef-d’oeuvre pour autant : c’est “juste” divertissant. Ce qui représente déjà un tour de force à mon avis !

The tank

Malgré tout l’espoir que je nourrissais en secret (de petites miettes d’enthousiasme, comme on fait quand on veut avoir un gros espoir bien réalisé à la fin), The Tank, qui commence pourtant en 1946, n’est pas l’histoire d’un tank hanté devenu sérial killer et qui assassine très discrètement des teenagers à coup d’obus dans une cabane au milieu des bois.

C’est un récit d’horreur très convenu… qui bascule rapidement dans le cinéma d’action. Une petite famille déménage dans un lieu étrange, une présence inquiétante se manifeste, et ensuite c’est la fête. Contrairement au très consternant The Hallow qui oubliait que pour raconter une histoire, il faut brosser le portrait de ses personnages, The Tank pense à définir une famille marquante : des gens très gentils (et donc attachants), intelligents et pleins de compassion (envers les animaux, ce qui leur donne déjà un bon point et les rend sympathiques), et qui s’aiment comme une famille. Il y a bien un conflit dans l’histoire : ils manquent d’argent, ce qui justifie l’attrait que peut avoir pour eux un héritage assez curieux, qui va faire ressurgir de vieux secrets.

Malheureusement, tout ça se passe très exactement comme on pouvait s’y attendre. Aucune surprise, y compris dans le look des bestioles affrontées : c’est pas du monster design bien folichon, même s’il y a de l’idée. C’est cohérent, logique (au point que la nature des bestioles explique la stratégie utilisée pour les affronter), mais ça n’a rien de stupéfiant. Ce n’est pas vraiment qu’on ait l’impression d’avoir déjà vu ce film : c’est qu’il vous raconte l’histoire exactement comme vous l’avez prévue.

Dans sa dernière partie, il évacue presque entièrement l’aspect horrifique (finis les mystères, les choses bizarres, etc., au profit d’une vague explication scientifique sur la nature des bestioles) et devient tout simplement un film d’action. Ca fonctionne pas mal, c’est bien filmé quoique vraiment trop sombre, les protagonistes sont VRAIMENT attachants… mais voilà, c’est vraiment sans surprise.

Terrifier

Alors attention, coulrophobie niveau trouzmillions avec ce film très gore et vraiment flippant. La nuit d’Halloween, deux nanas se font suivre par un type ultra creepy déguisé en clown, ceci après une séquence d’intro qui nous avait fait renoncer au visionnage du film la première fois : on a recommencé en voyant un petit docu YouTube sur la chaîne WhatCulture Horror vantant les mérites du deuxième, et il fallait donc commencer par le commencement. La séquence d’intro donne le ton : horreur gratuite et dégueu.

Le film est vraiment très très flippant, et il a des qualités : d’abord son méchant absolument terrifiant même quand on n’a pas peur des clowns, et ensuite ses victimes très attachantes, qui forment une galerie de persos vraisemblables et intéressants. Malheureusement, le scénario se limite à un jeu de massacre émaillé de séquences gore vraiment répugnantes, sans qu’aucun propos ne vienne soutenir l’ensemble. On sait par exemple que l’idée du Halloween de Carpenter, c’était celle du Mal absolu, avec un grand M, qu’on ne peut jamais éradiquer tout à fait. Ici, le clown est juste un tueur (un peu particulier, certes, comme le montre une des dernières scènes), et on a du mal à comprendre ce que signifie l’ensemble de ses meurtres : à cet égard, le scénario n’est même pas aussi cohérent que celui d’un vilain Vendredi 13, et la succession de meurtres dégoûtants se révèle d’autant plus malaisante qu’elle est complètement absurde. Bref : c’est bien réalisé (parce que ça provoque des émotions assez radicales), mais c’est creux et vraiment basé sur les effets choc au point de devenir lassant sur la fin. On verra ce que dit le second, mais je n’ai vraiment pas hâte de retrouver son boogeyman infect.

The Pale Door

Mon chouchou de ces derniers jours, c’est un film un peu foireux par moments, avec des SFX pas au top, une histoire pas follement originale… mais beaucoup, beaucoup de générosité et d’idées rigolotes. Tout ça avec Joe Lansdale à la production, et le film a bien ce petit côté : explorons quelque chose de différent par l’intermédiaire de l’horreur.

The Pale Door, c’est l’histoire de deux frères à l’époque du Far West. L’un d’entre eux devient le chef d’une bande organisée, et organise le vol d’une cargaison protégée par les Pinkerton dans un train. Si vous jouez au JDR Deadlands, ça pourrait bien être votre came et constituer une très chouette accroche de scénario, surtout quand on découvre la nature de la cargaison (je n’en dis pas plus).

Avec des “monstres” très classiques mais justifiés par une histoire qui se tient plutôt bien, un développement très orienté action, une troupe de personnages vraiment réussis (on aurait envie de les accompagner plus longtemps : chacun est défini en quelques répliques ou en une scène) et des tas de petites idées bien exploitées, The Pale Door n’a rien d’un chef-d’oeuvre, ni même d’un film parfaitement réussi, mais je l’ai trouvé sincère et juste là où il fallait, dans les émotions des personnages (même si le choix final de l’un d’entre eux est un peu incohérent, mais on s’en fiche). Bref, un très bon moment, avec un film qu’on sent assez fauché, mais qui se donne à fond.

Anna and the Apocalypse

Et pour finir, autre très bonne surprise, Anna and the Apocalypse, une film de zombies sous forme de comédie musicale, rien que ça ! C’est une histoire très simple de “coming of age”, avec un très beau casting et des chansons très réussies. C’est british et ça rappelle donc souvent Shaun of the Dead (sans arriver au niveau de ce qui est pour moi la comédie horrifique absolue), c’est encore une fois bourré de personnages attachants, et il manque juste un petit quelque chose pour que ce soit un vrai grand film plutôt qu’un excellent petit machin très bien réalisé, avec des comédiennes et comédiens au top. En ce qui me concerne, je n’ai pas boudé mon plaisir : j’ai tout simplement adoré, parce que le film était particulièrement cohérent, avec ses couleurs vives, ses ados débordant d’énergie et ses histoires de clique de lycée… D’autant que le film manifeste un bel humour (j’ai éclaté de rire plusieurs fois, c’est bon signe) et reste dynamique du début à la fin. Et bon, si vous aimez les comédies musicales (comme nous) et EN PLUS les films de zombies (comme nous), ça devrait vraiment vous plaire !

Voilà, je finis cette série avec un VRAI film de noël, et je vous dis à dans dix ou vingt ans pour le prochain post ! (ou peut-être un peu avant, quand même…). Bonne faim damnée et à l’an prochain !