J’ai eu moins de temps pour rédiger des critiques (le mot est sans doute un peu fort pour ces bafouilles gratouillées sur un clavier en quelques minutes), et pourtant, ce mois-ci, mon épouse et moi avons regardé beaucoup de films particulièrement intéressants… Je vais donc procéder à une petite review accélérée en mettant l’accent sur ceux qui nous ont le plus marqué.

Birth/rebirth

Une infirmière, parent isolé, doit confier sa fille à la voisine pour une matinée. Un terrible accident se produit et tout bascule. Et… je n’ai vraiment pas envie de vous priver de la suite, regardez-le, point barre.

Alors là, on commence par une bonne vieille claquasse fantastique qui, par le truchement d’une histoire à la Reanimator/Frankenstein, dresse deux portraits de femmes formidables et présente un récit intense, cru et sans concession. De la vraie bonne, très bonne horreur qui vous soulève le coeur et vous remue sans pour autant recourir aux artifices habituels du genre : oui, il y a du sang, mais je vous garantis que ce n’est pas ça qui va vous secouer le plus (il y a deux scènes qui se déroulent dans les toilettes, et je vous garantis qu’à côté, Evil Dead, c’est de la rigolade ; tout ça sans voir plus de quelques gouttes de sang…).

Ca parle de maternité, d’émotions, de persévérance, de mort et d’amour, tout ça porté par des actrices absolument phénoménales. Vous n’en entendrez sans doute pas beaucoup parler, mais je vous garantis que ce film est vraiment spécial, qu’il ose des choses auxquelles les autres refusent de se frotter, et qu’il place la barre du film indé futé très très haut.

Thanksgiving

Un autre plaisir, très différent cette fois, avec ce slasher réalisé en mode “respectons les règles du genre” par Eli Roth. C’est bien gore et dégueu, les ados sont à la fois détestables et attachants (détestachants ? oh, bref, c’est des ados, quoi), tout fonctionne sans trop de surprise et c’est un vrai bon moment si, comme nous, vous aimez les slashers. Et on va pas se mentir, quand on a vu la série des Vendredi 13, ce scénar, c’est Citizen Kane (oui, on a vu les V13 et… bon ben disons que la série existe, voilà, que c’est rigolo, mais… dans un entrepôt de pellicules en feu c’est pas les premiers qu’on ira éteindre). Bref, bon petit divertissement sans autre prétention que de faire un film de genre codifié, et ça marche très bien : l’idéal pour une soirée pizza ?

Ah oui, le pitch : pendant le Black Friday, des émeutes lors des soldes provoquent des accidents. L’année suivante, un mystérieux tueur s’en prend aux responsables. Vous connaissez la musique.

It lives inside

Pourquoi cette lycéenne se balade-t-elle sans arrêt avec un petit bocal contenant… quoi au juste ? Oui, bon ben le pitch, c’est pas non plus de la haute volée, hein…

Un petit film que j’ai quasiment oublié deux semaines après l’avoir vu… Il ne va pas réinventer le genre, mais il présente l’originalité de se focaliser sur une famille indienne, ce qui n’est pas super courant. Ca se regarde sans déplaisir, c’est plutôt bien interprété et l’idée du “monstre” n’est pas mauvaise. Bon, ça ne va pas révolutionner le genre non plus, cela dit, mais si vous êtes client des histoires de streumons chelous et un peu paranormaux qui foutent la merde dans la vie des lycéennes, c’est plutôt de la bonne came et on ne s’ennuie pas.

The Beekeeper

Un film avec Jason Statham.

Ah merde, faut expliquer ? Bah donc c’est un gros bourrin et il défonce les méchants. C’est très con, très rigolo, et Statham affirme bien son statut de bourrinos à la Schwarzy. Tout ça avec un petit côté reaganien sur les valeurs de la famille et ces salauds de nerds qui font rien qu’à se toucher la nouille dans des call centers pour voler la pension de petites mamies gentilles comme tout. Si vous aimez les explosions, c’est bien, il y en a dès le premier quart d’heure. Film pizza idéal. Je devrais mettre un pizzomètre, tiens. Donc : 5 pizzas sur 5, vous avez le temps d’aller pisser pendant les dialogues, vous ne manquerez rien, mais vous passerez un bon moment (et pas qu’aux toilettes, donc).

Here for blood

Tout de suite, le pizzomètre : 10 sur 5 pizzas. Un catcheur amateur doit remplacer sa copine comme babysitter chez une famille huppée. Mais des meurtriers (catcheurs eux aussi, voyez comme le monde est bien fait quand il s’agit d’assurer la distribution de calotes et de german souplex) font irruption dans la maison…

Bon, sérieusement : il y a des catcheurs, des meurtriers façon slasher, une secte, une home invasion, une gamine qui balance des punchlines et des effets spéciaux craspecs. Dans la catégorie : certainement pas un chef d’oeuvre mais absolument jouissif, celui-là tient le pompon. C’est un vrai GRAND moment de fun et il faut absolument le voir avec des potes (ou avec votre épouse/époux si vous êtes sur la même longueur d’ondes ciné, et bon sang ce que je vous le souhaite, parce que c’est top !). Avec un scénario qui tient curieusement la route, des péripéties aussi crétines qu’hilarantes et surtout un acteur principal qui fait le show… Ca fait partie de mes recommandations impérieuses du mois

Brooklyn 45

Encore 44 de plus et on avait une série de flics rigolote, mais attention : Brooklyn 45 n’est pas (mais alors TROP PAS) une série de flics rigolote. Après la Seconde Guerre mondiale, des vétérans se réunissent pour participer à une séance de spiritisme qui va très très mal tourner.

Un huis-clos très réussi, minimaliste, qui pose davantage de questions qu’il n’apporte de réponses, mais qui fonctionne comme une pièce de théâtre un peu grand-guignolesque. C’est plein de tension, les dialogues sont vraiment bons, et comme dans tout bon huis-clos, on ne s’ennuie pas une seconde : il se passe toujours quelque chose. Saisissant scénario sur le trauma, le deuil, les rapports entre humains, bref : la vie. Si vous aimez les trucs qui vous grattent le cerveau, ça fonctionne exactement comme un épisode de Twilight Zone d’une heure et demie. On a beaucoup aimé.

Please don’t destroy the treasure of Foggy Mountain

Un film très très con avec des protagonistes furieusement cons… et au final c’est vraiment fun. Trois amis particulièrement abrutis se lancent à la recherche d’un trésor légendaire : un buste de Marie-Antoinette perdu dans les montagnes. Ca évoque toutes les comédies de potes jamais réalisées, il y a de GRANDS moments (l’aigle !), des personnages géniaux, des chansons débiles, une secte complètement secouée, Conan O’Brien et Gaten Matarazzo (Dustin de Stranger Things) dans son propre rôle. Une comédie bien fichue, qui ne m’a pas fait hennir de rire, mais que j’ai beaucoup aimée. Au point que je détesterais pas la revoir ! Et encore une fois : entre copains ou en couple, bon moment garanti.

Resurreccion (2015)

Je note l’année, vu qu’il y a huit milliards de films du même nom. Très très chelou, ce film qui se déroule en Argentine pendant une épidémie de vomito nero. Un jeune prêtre se rend dans la demeure familiale, où son frère, sa belle-soeur et sa nièce ont attrapé la maladie. Bon, on est dans un film 99% atmosphérique, et le dernier pour-cent, c’est un scénario mystico-nouillo-touchatoire plutôt perché, mais qui ne nuit pas trop au reste. Très bizarre, sombre, il se distingue tout de même par une photo vraiment réussie, qui exploite un décor vraiment bien foutu et des morts particulièrement dégueulasses. C’est sale et moche, mais… curieusement beau en même temps. Bref, si vous aimez ce genre de truc sur la foi confrontée à l’horreur, ça pourrait vous parler. Ici, c’était mitigé : j’ai aimé sans pour autant avoir envie de revoir, tandis que ma chère et tendre s’est endormie.

The Hole

Un film de Joe Dante plutôt méconnu/mésestimé, et filmé à l’origine en 3D. Pas le meilleur de sa filmographie, mais un bon scénario consacré à la peur et aux remords, le tout porté par un trio de jeunes acteurs vraiment efficaces. Dans la catégorie film de djeunns à l’ancienne, c’est vraiment une bonne pioche, avec un postulat de départ tout con : une famille emménage dans une maison, et dans la cave, il y a un trou apparemment sans fond, mais d’où le mal émane. Déjà vu auparavant, il supporte un deuxième visionnage grâce au charme du casting et à un scénario qui tient quand même plutôt bien la route.

A creature was stirring

Très TRES surprenant film porté par l’épatante Chrissy Metz (This is us). Une femme et sa fille sont isolées chez elles par le blizzard. La mère en question doit tout faire pour maintenir la température de sa fille dans une fourchette très précise sinon… eh ben sinon il se passe des trucs, mais on sait pas quoi. Sur ce interviennent deux jeunes gens qui s’introduisent dans la maison en mode home invaders.

Alors c’est un film très particulier. Parce qu’il est bourré d’idées de ouf, avec un monster design original, un fond intelligent (comme l’a fait remarquer mon épouse, on sent l’influence du Babadook), un scénario métaphorique très poussé, des acteurs qui tiennent bien la route… Mais tout ça est gâché par des dialogues indigents, voire catastrophiques, et une réalisation aux fraises (en partie dans le climax). Tout part en couilles tout le temps, et le message du film, qui devrait être limpide, est vraiment saccagé par la réalisation et le montage complètement foireux.

Et pourtant… eh ben je ne regrette pas de l’avoir vu. Si je reconstruis le film autrement dans ma tête, c’est vraiment un super film. Malheureusement, en l’état, il est confus, mal fichu et surtout diablement mal écrit… A vous de voir si ça vous suffit : si vous êtes rôliste comme moi, ça peut vous donner des idées, par exemple…

X

Le titre de film super court ! Donc X, de Ti West, c’est l’histoire d’une équipe de film de zboub qui va tourner dans une vieille maison toute craspec à côté d’un marigot infesté d’alligatorst louée en mode AirBnB du pauvre (ça se passe dans les seventies) par un couple de vieux tarés.

Alors le fantastique, et surtout l’horreur, c’est le mélange entre Eros et Thanatos, vous dit-on souvent : le sexe et la mort, quoi. Et là, bon ben on est dans l’expression de base du truc : il y a des boobs, des stouquettes (dont une de belle taille et qui pourrait servir de balancier à une horloge à l’ancienne) et des gens qui se font zigouiller. Le réal essaie de faire de l’épate de temps à autre : des fois ça marche (magnifique plan vu d’en haut de Mia Goth sur le point de se faire bouffer par un alligator), des fois ça marche moins (effets de montage où deux scènes se mêlent : ouais, c’est futé, mais ça nuit à la lisibilité – cela dit, les spectateurs plus jeunes apprécient peut-être le côté “montage interdit aux épileptiques”). Il y a un beau propos sur les rapports charnels et amoureux, un numéro d’équilibriste entre le “tellement creepy crevez-moi les yeux et qu’on en finisse” et le “awwwwww comme c’est touch… ah mais non dégueu !” (oui, donc l’équilibriste peut tout à fait tomber de son fil, ça arrive), et des personnages que j’ai beaucoup aimés dans la mesure où ils n’étaient vraiment pas superficiels et se font avoir justement parce qu’ils sont décents, et confrontés à l’indécence effroyable d’une autre génération.

Le tout s’achève sur une révélation vraiment bien amenée, et ça fonctionne de bout en bout, avec un côté ultra malaisant, super bien exploité. Perso, le côté un peu artsy-fartsy du film m’a parfois emmerdé (ces fameux effets de montage), mais comme il est raccord avec UN des persos, difficile de faire la fine bouche : c’est assumé et pas con, donc… Bref, sans que ce soit le film de l’année, j’ai bien aimé.

Et voilà ! Si je ne dois vous recommander qu’un seul de ces films, ce sera Birth/rebirth qui transcende complètement son petit budget pour aller appuyer partout là où ça fait mal, ou bien, si vous voulez vraiment vous marrer entre potes, Here for blood : si en plus vous êtes rôlistes, c’est calibré exprès pour vous et ça va vous donner des idées de personnages marrants !