Parce qu’il n’y a pas que les flimes de trouillme dans la vie, une série qu’elle est bien pour la regarder.

Your Honor est une série dispo sur Paramount (pour une fois je donne la source, yay !), avec l’excellent Bryan Cranston (qui s’y retrouve une fois de plus en slibard, tout comme dans ses deux autres séries phares, Malcolm in the Middle et Breaking Bad !).

Your Honor est en réalité le remake d’une série israélienne baptisée Kvodo, et transposée ici à la Nouvelle-Orléans. Le pitch est tout simple : un juge intègre et particulièrement bienveillant doit protéger son fils, qui a commis un homicide (je ne vous dévoile pas tous les détails, ça vaut le coup de les découvrir dans le premier épisode).

Le premier épisode offre une tension constante : pendant la première séquence, on n’a littéralement aucun répit et c’est assez chaud à regarder. Pas de monstre effroyable ici, pas de flots de sang, juste un affreux petit fait divers… qui va déboucher sur des événements encore plus graves.

Les acteurs sont au taquet, la réalisation très tendue et efficace, avec un penchant pour le cliffhanger en fin d’épisode, ce qui fonctionne très très bien. Nous avons regardé toute la première saison et nous arrivons à la fin de la deuxième : toutes les intrigues se recoupent et rebondissent agréablement, et on va de surprise en surprise, avec des événements vraiment inattendus.

Et puis évidemment, il y a le propos de la série, qui consiste à nous montrer ces personnages changeant constamment de masque, que ce soit par conviction profonde (le masque du juge intègre… mais quelle est la limite de sa moralité ?), le masque du coupable rongé par les remords, le masque des amis fidèles, le masque de la mère éplorée, le masque du policier honnête… Les personnages qui avancent à découvert sont incroyablement rares : tous les autres mentent et se mentent constamment, sans pour autant qu’on soit prisonnier d’une de ces intrigues alambiquées où se succèdent les coups en douce. Chacun agit selon des convictions bien ancrées, que les diverses crises qui se succèdent déboulonnent peu à peu pour révéler que rien n’est absolu, qu’il n’existe aucune vérité, que les idéaux sont impossibles à atteindre et qu’une “mauvaise journée” suffit à vous retourner entièrement (comme l’expliquait le fameux Killing Joke d’Alan Moore en son temps).

Tout ça est tenu par une réalisation aux petits oignons, avec une musique particulièrement réussie (elle n’est pas omniprésente et n’intervient que pour souligner des choses : c’est d’ailleurs elle qui tient littéralement le premier rôle dans les premières scènes, sans quoi on croirait assister à une journée comme les autres) et des comédiens qui dépotent, dont Michael Stuhlbarg, dont je trouve le registre incroyablement vaste dans son interprétation d’un personnage de mafieux vraiment fouillé et abouti. La confrontation qui l’oppose au Michael Desiato incarné par Cranston pose les fondations d’une intrigue où chaque personnage a son importance et se révèle peu à peu, par couches, tandis que les péripéties s’enchaînent.

Tout ça s’enchaîne sans temps mort : pas la peine d’attendre trente épisodes pour assister aux conséquences d’un choix ou pour voir où se dirige l’intrigue, celle-ci progressant très vite et permettant de poser des cliffhangers au moins tous les deux épisodes.

Bref, c’est vraiment un petit bijou, intelligent sans chercher à faire de l’esbrouffe, avec une narration fluide et élégante. Politiquement, la série se situe un petit peu aux antipodes de l’excellent The Rookie (sur Netflix), beaucoup plus humoristique, qui présente le côté lumineux de la police, alors que Your Honor en offre une vision extrêmement pessimiste.

Bref, hautement recommandé et très agréable !