Your Honor

Parce qu’il n’y a pas que les flimes de trouillme dans la vie, une série qu’elle est bien pour la regarder.

Your Honor est une série dispo sur Paramount (pour une fois je donne la source, yay !), avec l’excellent Bryan Cranston (qui s’y retrouve une fois de plus en slibard, tout comme dans ses deux autres séries phares, Malcolm in the Middle et Breaking Bad !).

Your Honor est en réalité le remake d’une série israélienne baptisée Kvodo, et transposée ici à la Nouvelle-Orléans. Le pitch est tout simple : un juge intègre et particulièrement bienveillant doit protéger son fils, qui a commis un homicide (je ne vous dévoile pas tous les détails, ça vaut le coup de les découvrir dans le premier épisode).

Le premier épisode offre une tension constante : pendant la première séquence, on n’a littéralement aucun répit et c’est assez chaud à regarder. Pas de monstre effroyable ici, pas de flots de sang, juste un affreux petit fait divers… qui va déboucher sur des événements encore plus graves.

Les acteurs sont au taquet, la réalisation très tendue et efficace, avec un penchant pour le cliffhanger en fin d’épisode, ce qui fonctionne très très bien. Nous avons regardé toute la première saison et nous arrivons à la fin de la deuxième : toutes les intrigues se recoupent et rebondissent agréablement, et on va de surprise en surprise, avec des événements vraiment inattendus.

Et puis évidemment, il y a le propos de la série, qui consiste à nous montrer ces personnages changeant constamment de masque, que ce soit par conviction profonde (le masque du juge intègre… mais quelle est la limite de sa moralité ?), le masque du coupable rongé par les remords, le masque des amis fidèles, le masque de la mère éplorée, le masque du policier honnête… Les personnages qui avancent à découvert sont incroyablement rares : tous les autres mentent et se mentent constamment, sans pour autant qu’on soit prisonnier d’une de ces intrigues alambiquées où se succèdent les coups en douce. Chacun agit selon des convictions bien ancrées, que les diverses crises qui se succèdent déboulonnent peu à peu pour révéler que rien n’est absolu, qu’il n’existe aucune vérité, que les idéaux sont impossibles à atteindre et qu’une “mauvaise journée” suffit à vous retourner entièrement (comme l’expliquait le fameux Killing Joke d’Alan Moore en son temps).

Tout ça est tenu par une réalisation aux petits oignons, avec une musique particulièrement réussie (elle n’est pas omniprésente et n’intervient que pour souligner des choses : c’est d’ailleurs elle qui tient littéralement le premier rôle dans les premières scènes, sans quoi on croirait assister à une journée comme les autres) et des comédiens qui dépotent, dont Michael Stuhlbarg, dont je trouve le registre incroyablement vaste dans son interprétation d’un personnage de mafieux vraiment fouillé et abouti. La confrontation qui l’oppose au Michael Desiato incarné par Cranston pose les fondations d’une intrigue où chaque personnage a son importance et se révèle peu à peu, par couches, tandis que les péripéties s’enchaînent.

Tout ça s’enchaîne sans temps mort : pas la peine d’attendre trente épisodes pour assister aux conséquences d’un choix ou pour voir où se dirige l’intrigue, celle-ci progressant très vite et permettant de poser des cliffhangers au moins tous les deux épisodes.

Bref, c’est vraiment un petit bijou, intelligent sans chercher à faire de l’esbrouffe, avec une narration fluide et élégante. Politiquement, la série se situe un petit peu aux antipodes de l’excellent The Rookie (sur Netflix), beaucoup plus humoristique, qui présente le côté lumineux de la police, alors que Your Honor en offre une vision extrêmement pessimiste.

Bref, hautement recommandé et très agréable !

Mais… encore des flimes d’horreur ?

On ne nous arrête plus, on a encore (mon épouse et moi) regardé des films qui foutent les miquettes (movies that foute the micouettes en anglais). Et le double feature de ce week-end était un doublé gagnant.

En première partie de programme, Morse, alias Låt den rätte komma in (Let the right one in en angliche), un film adoubé sur son affiche par Guillermo del Toro. D’ailleurs, cadeau, une superbe conversation entre del Toro et l’excellent Mike Flanagan (Haunting of Hill house et The Haunting of Bly Manor, et plus récemment La Chute de la maison Usher, mais aussi le malheureusement très oublié mais excellent Doctor Sleep !).

Bon, maintenant que c’est fait, retour à Morse, un film furieusement poétique, qui prouve que rythme lent ne rime pas forcément avec “mais qu’est-ce qu’on se fait chier !” (comme souvent dans un certain cinéma qui n’a pas l’heur de me plaire : chacun ses goûts… mais pour moi, une intrigue se doit d’avancer à chaque plan, même si c’est pour se casser la gueule).

L’histoire : le petit Oskar, qui se fait bousculer au collège par un groupe de mômes de sa classe, assiste à l’emménagement d’une curieuse “famille” dans l’appartement voisin de celui de sa mère : un homme d’âge mûr et une petite fille de son âge. La fillette est en réalité une créature de la nuit…

Si tu veux résumer le synopsis de Morse, ça tient en une ligne, vraiment. Il se passe deux ou trois trucs. Mais tous sont liés par l’image, le thème, les dialogues et une interprétation d’une élégance et d’une subtilité rares. C’est plein d’émotions, c’est aussi une histoire d’amitié et d’amour, c’est plusieurs histoires d’amitié et d’amour, c’est aussi viscéral qu’élémentaire, et pourtant l’argument fantastique n’y est pas qu’un prétexte (comme parfois dans un cinéma un peu trop affecté et cérébral) : ici, le récit embrasse pleinement son thème surnaturel, introduit d’emblée par un petit saut curieusement léger lors de la présentation d’Eli, la gamine du film.

Bref, on a beaucoup aimé, et je crains de tenter la version américanisée et séritélévisée de la chose : Morse prend exactement l’espace et le temps nécessaire pour raconter son histoire, et laisse surtout en suspens un bon nombre de questions. C’est aussi ça qui lui donne cette qualité poignante, et je n’ai pas trop envie de rallonger la sauce… on verra bien !

Rebaptisé en français “La main” (ce qui n’est pas déconnant, mais qui euh… ben je sais pas mais vu le visuel de l’affiche, est-ce que c’est pas un poil redondant ? Enfin bref…), ce film a été une ENORME bonne surprise.

Ici, à la maison, on aime un vaste panel de flimes de trouille. Ca va de la folk horror (qu’on explore depuis peu) aux slashers abrutis en passant par toutes les blumhouseries pleine de démons et autres créatures d’un autre monde qui font rien qu’à faire chier la famille américaine de base, et aussi par les films de monstres (mes préférés, gloumoutes et grorequins forever !). ici, on a un film balisé, étiqueté, un truc classique de chez classique : le film d’ados qui déconnent et ça leur retombe sur la gueule. Je me rappelle vaguement du dernier machin du genre qu’on avait vu, Truth or dare, qui penchait davantage du côté dégueu/massacre d’ado (un thème qu’on croit réalisé pour les ados en question, mais je soupçonne les auteurs de ce genre de truc de viser aussi le public des adultes dont la progéniture vient de passer le cap des 16 ans, auquel cas ce sont en réalité des revenge movies…) que de l’introspection vraiment horrifique.

Le flime d’horreur, c’est toujours un prétexte pour parler d’autres trucs. Parfois avec de gros sabots. Parfois avec des sabots taille Titanic, quand ça tire vers le pamphlet progressiste un peu trop appuyé et pas vraiment finaud. Et parfois, un film arrive sur de petits chaussons de ballerine, genre pointe, pas-de-bourrée, et il vous assène un bon vieux drop-kick des familles en fin de bobine.

J’ai une petite préférence pour ce genre-là.

Et justement, Talk to me est de ceux-là. Ses ados sont élégamment présentés, et ce sont des ados. Ils ne sont pas plus futés ni plus idiots que les autres, ce ne sont pas des sacs d’hormones ambulants (le cliché devient un tout petit peu chiant, à force) mais ils ont quand même des envies qui commencent à bousculer leur sens moral (et leurs relations entre eux, pas seulement vis à vis des adultes), ils ont une vie, une vie intense qui passe par le grand laboratoire social des teufs entre ados et que filtre l’objectif des réseaux sociaux. Tous ces éléments, on les retrouve dans des tas d’autres films, en particulier l’aspect “ils passent leur temps sur leur téléphone”, mais il faut bien avouer que dans 99% des cas, c’est de la caricature à peine voilée.

Les ados de Talk to me m’ont paru parfaitement vraisemblables, crédibles parce qu’ils sont tous extrêmement bien esquissés dès le début du récit. Ca passe par des choses très grosses, des sabots king size, certes, MAIS pour amener un vrai questionnement sur les désirs et les pulsions, sur le remords, sur le fossé intergénérationnel, et sur la vie en général. Difficile de ne pas s’attacher immédiatement à Riley et à sa soeur, à Mia, et à leurs potes complètement inconscients. Le premier moment fort du film, on le connaît tous, c’est ce moment où on cède à l’injonction du groupe, où on veut “faire partie de”. C’est très bien amené, ça joue sur des effets vraiment délicats, et ça fonctionne à fond. Après une première scène qui donne le ton et qui intrigue, c’est ce microcosme des relations sociales que montre le film, de manière exceptionnellement réussie. Le casting est particulièrement juste, et tous les personnages sont plus profonds, plus réalistes qu’on pourrait le croire.

L’argument fantastique, lui, est tout juste expliqué, de manière un peu oblique qui plus est. La fameuse “main” a des pouvoirs, voilà, point barre. Ces pouvoirs obéissent à des règles précises, un des thèmes qu’on retrouve dans beaucoup de chouettes films d’horreur, de la Main du diable (évidemment) aux Gremlins. Et bien sûr, quand on met des règlements et des ados dans la même pièce, eh ben…

Bref, gros gros coup de coeur pour ce qui pourrait être un “petit film” mais qui se révèle terrifiant jusqu’aux dernières images, avec un déroulement inattendu, une montée de tension parfaitement réglée et une réalisation impeccable. Pour moi, c’est un des films de 2023 à voir absolument si vous aimez le genre, et surtout si vous voulez voir ce qu’on peut faire en réalisant très sérieusement une histoire un peu WTF. Ce sera mon premier coup de coeur de cette année 2024, que je vous souhaite excellente !

Cinéma du nouvel an…

Oui, bon, eh ben finalement on a regardé deux autres flimes, ce qui fait suite à ça, ça et ça.

The passenger

Alors voilà, nous (mon épouse et moi), on aime bien les films de chez Blumhouse (Paranormal Activity, Insidious, Sinister, etc.). Ce sont des films solides, avec un budget très réduit (en moyenne 7 millions de dollars) mais qui proposent des récits bien fichus, qui ne cherchent pas à révolutionner le genre et qui offrent pourtant souvent de belles relectures de certaines histoires traditionnelles vues au travers d’un prisme moderne (L’Homme invisible de 2020 étant un bel exemple du genre, que je vous recommande vivement). Bien souvent, ce sont des récits d’horreur pure, qui obéissent aux règles du genre, et donc à un modèle particulier. Mais dans le cas de certaines productions, c’est autre chose.

C’est le cas de The Passenger, une bonne intrigue tendue qui voit un jeune homme assez naïf et innocent embarqué de force dans la virée meurtrière de son collègue de travail qui pète les plombes. On est à mi-chemin entre le road movie malsain (et avec des roads super limitées puisque tout se passe dans la même ville) et Hitcher, le tout saupoudré d’un peu de psychologie de base, avec des persos au passé trouble que va peu à peu éclaircir le récit. C’est simple, c’est efficace, on ne s’ennuie jamais et les deux acteurs principaux font le show avec beaucoup d’élégance et d’intensité, d’autant qu’ils sont épaulés par une Liza Weil (Gilmore Girls) discrète mais parfaitement castée.
C’est tellement bien fichu, avec une intrigue propre d’où rien ne déborde, que ça ferait un chouette épisode d’anthologie si ça ne durait qu’une heure (mais peut-on couper des morceaux d’un film déjà court, 1h30 grand max, sans le dénaturer ?). Je ne sais pas, mais quand on compare le film à pas mal de machins boursouflés mais creux, y a pas à dire, ils savent y faire chez Blumhouse.

Soft & Quiet

On a eu beaucoup de mal à aller jusqu’au bout de ce film, et on a été déçus.

Beaucoup de mal parce que c’est absolument effroyable, insupportable. Assez furieusement réaliste, et filmé caméra au poing en un plan-séquence unique d’une heure trente. Un groupe de nanas se réunit dans une église. On s’attend à un club de lecture, jusqu’à ce que…

SPOILERS MAIS EST-CE QUE TU AS VRAIMENT ENVIE DE VOIR CE FILM ? MOI JE TE DIS NON

Jusqu’à ce que l’une d’entre elles dévoile sa tarte, où figure une croix gammée. Les nanas en question sont des néo-nazies/fascistes/racistes/monstres : sous ses apparences girly, leur réunion vise ni plus ni moins qu’à élaborer un plan d’action pour diffuser leurs idées nauséabondes. La longue conversation qu’elles ont donne le ton : c’est un condensé des discours les plus abjects que l’on puisse entendre aux USA (et maintenant chez nous…), et l’on apprend que l’une d’entre elles appartient au KKK, yay, c’est la fête.

S’ensuit une altercation avec une jeune femme asiatique et sa soeur, et après tout dérape. Si tu veux tout savoir sur le film, tu peux aller te renseigner ici et là, mais je ne te recommande vraiment pas son visionnage, particulièrement éprouvant. Les deux femmes victimes des néonazies subissent des tas de choses vraiment affreuses, et le point de vue adopté (caméra au poing) te met dans une position de spectatrice/spectateur passif, obligé d’assister à tout ça, et c’est très très très très très difficile à supporter. On ne voit pas une goutte de sang mais c’est absolument abominable.

Et le pire, c’est que le “payoff” final, qui survient dans les dix dernières secondes, est bien maigre. Ne t’attends pas à un film où on va te dire que les méchantes sont punies, que les gentilles s’en sortent envers et contre tout, qu’il y a une justice.

Et c’est précisément ce que veut faire le film. Quand il cache quelque chose (comme un certain récit pour enfants au début), c’est pour te surprendre ensuite (la fameuse tarte), et quand il montre (les dix dernières secondes), c’est aussi pour te donner à réfléchir sur l’issue possible de la situation. Tout ça, c’est subtil, c’est intelligent, c’est bien. Et s’il te laisse avec tes interrogations quand arrivent les crédits de fin, c’est pour te dire : non, tout ça n’est pas résolu, je ne vais pas te donner de justice parce que ces victimes- n’y ont pas droit, dans la réalité. C’est pas un message déconnant, c’est même un appel à l’action, à la prévention, et c’est une intention formidable que je ne peux qu’applaudir.

Mais il y a le milieu du film. Et là… eh ben c’est autre chose. Comme tout a lieu en temps réel (unique plan-séquence, caméra au poing, je rappelle), on assiste à tout. Il n’y a pas de répit à la montée d’angoisse, pas de moment où on nous autorise à détourner le regard, excepté, heureusement, un moment miséricordieux où la caméra cadre un peu à l’écart de l’horreur pour qu’on ne la subisse pas en pleine face (mais ça ne retire rien à l’horreur de la scène). Le procédé vise à insister sur la monstruosité stupéfiante des protagonistes (attends, attends, on va revenir sur ce mot !), mais s’attarde du même coup sur les sévices infligés à leurs victimes, et donne… eh ben quelque chose qui ressemble beaucoup à du torture porn et que toi, spectatrice ou spectateur, tu vas subir d’une façon malsaine, presque en complice de l’action. C’est très efficace (beaucoup de gens disent “on a envie de jeter des trucs sur la télé”), mais en même temps, c’est très déloyal : ce film te prend littéralement en otage (ce qui fait écho à la situation qu’il montre).

J’ai parlé de protagonistes plus haut. Qu’est-ce que c’est qu’un protagoniste ? C’est selon certaines définitions “le premier rôle” d’un récit. Mais c’est surtout “la personne à laquelle il arrive quelque chose” : le récit va changer le protagoniste. Et celui ou celle qui provoque ce changement, c’est l’antagoniste : en général, c’est un adversaire, mais il peut aussi s’agir d’un mentor, d’un étranger, etc. C’est celui ou celle par qui le changement arrive.

Ici, les protagonistes, ce sont ces femmes monstrueuses, et en particulier Emily, qui sont enferrées dans une rhétorique infecte. Elles croisent les antagonistes (leurs victimes), les événements affreux surviennent… mais le récit nous prive de ce qui devrait être (selon moi) sa nature profonde : montrer le changement opéré chez les protagonistes… qui n’ont fait que se radicaliser. On n’a ici aucune idée de remords, on voit certes ces femmes basculer vers “plus d’horreur”, mais leur trajectoire n’a pas changé depuis le début. Soft & Quiet est infiniment linéaire, dans la mesure où le récit n’offre aucune surprise : à partir du moment où on dégringole la pente, on sait qu’on va arriver tout en bas, rien de plus.

Et c’est ce “rien de plus” qui est choquant. Pas de justice, pas d’espoir, un récit qui offre un portrait abject mais trop commun, et qui se contente de souligner cette abjection, de l’imposer sans recours, d’en faire un spectacle. En n’offrant qu’une bouffée d’air fragile dix secondes avant la fin. Le film atteint son objectif choc : on ne ressort pas indemne de son visionnage. Mais il recourt à des procédés malsains, qui passeraient peut-être dans le cas d’un film d’horreur pur (le recours au surnaturel, au WTF ou au “too much” désamorçant souvent la tension dans ces oeuvres et permettant de bénéficier d’un recul), mais qui tiennent du voyeurisme dans ce cas.

Bref, je ne doute pas des intentions de la réalisatrice, mais je doute de l’efficacité de la méthode, sachant que si on coupait quelques passages ici et là, le film serait un vrai rêve de nazi. Je ne sais pas quoi en penser. Je ne sais pas si le film est utile, s’il peut réellement réveiller quelqu’un (j’en doute) ou si au contraire il jette un peu d’essence sur un feu qui n’en avait pas besoin…

Je vous déconseille le visionnage si vous êtes sensible à ces sujets : c’est vraiment VRAIMENT difficile à regarder (n’oubliez pas que ça se passe en temps réel : c’est un aspect que soulignent beaucoup de critiques et je me disais que c’était juste un gimmick, mais ça rend l’action insoutenable, réellement) et très frustrant. Si en plus vous avez subi des violences racistes, homophobes ou autres, c’est triggerisant à mort.

Ouais, je sais pas quoi en faire, de ce film. Clairement, il m’a marqué, mais si j’avais le choix, je reviendrais volontiers en arrière pour que quelqu’un me le raconte et m’évite de le voir. Du coup… Bah je vais le faire rapidos pour que t’aies une idée.

Méga-spoiler qui raconte l’histoire pour que tu n’aies pas à la subir

Donc voilà, Emily est une institutrice blanche qui réunit ses copines un peu néonazies (une nana qui sort de taule et a été “prise sous l’aile” de certaines personnes qui lui ont appris à penser comme une raciste, une autre qui estime qu’elle aurait dû avoir une promotion mais que sa collègue la lui a raflée à cause de sa couleur, une autre qui appartient au KKK… bouf, je fatigue : c’est toutes des saloperies, voilà) dans une église pour décider comment diffuser leurs idées de merde. Le pasteur local les vire au bout d’un (long) moment en comprenant de quoi elles parlent. Les nanas se barrent, font un salut nazi pour rigoler (vraiment) et décident de picoler ensemble.

Dans la supérette de l’une d’entre elles, au moment où elles prennent du vin et de quoi grignoter, arrivent deux jeunes femmes asiatiques qui veulent acheter une bouteille de vin. Les néonazies leur disent que le magasin est fermé, mais les jeunes femmes insistent pour acheter UNE bouteille, ne cédant pas devant la pression de ces affreuses saloperies. Une des néonazies identifie l’une des femmes : il s’agit manifestement d’une femme qui a été violée par le frère d’Emily (on sait qu’il est en taule, maintenant on sait pourquoi). Les deux jeunes femmes réussissent à se barrer (non sans avoir été menacée par une des saloperies, celle qui tient la supérette et qui possède un flingue). Mais les néonazies se sentent insultées et veulent aller “faire une blague” au domicile des jeunes femmes (on apprend qu’en réalité, Emily les stalke). Elles y vont accompagnées du mari d’Emily, que cette dernière traite comme le dernier des chiens parce qu’ils n’arrivent pas à avoir d’enfant (remettant en cause sa virilité avec un vocabulaire dont je n’userai pas ici).

Sur place, les néonazies foutent la merde chez les jeunes femmes (je crois que la plus âgée s’appelle Anna, sorry, je n’ai pas retenu les noms, comme souvent : mettons que c’est Anna) pendant que le mari d’EMily fait le guet. mais Anna et sa soeur reviennent chez elles. Les néonazies paniquent, et les prennent littéralement en otages. Les voyant péter les plombs, le mari d’Emily se barre. La plus jeune des néonazies, celle qui sort de taule, décide qu’il faut intimider Anna et sa soeur “pour qu’elles ne parlent pas”. S’ensuit une scène de torture avec ingestion forcée d’alcool et de mélange de noix diverses. Or, la soeur d’Anna est allergique. Elle meurt d’un choc anaphylactique. La taularde à la con décide donc, sur l’instigation d’Emily, d’éliminer Anna qui est témoin. Ce qu’elle fait en l’étouffant (yay), puis elle se sert d’une carotte pour simuler un viol afin qu’on ne puisse pas s’imaginer que ce sont des femmes qui ont fait tout ça (alors oui, les néonazies sont complètement cons, et en pleine panique, ce qui n’arrange rien). Elles finissent par aller jeter les cadavres d’Anna et de sa soeur à l’eau. Pendant tout ça, on a vu que les néonazies se bouffent vite le nez dès que ça part en merde, qu’elles se gueulent dessus, qu’elles sont ignobles… mais bon, elles sont parties pour s’en sortir, au point que l’une d’entre elles a même filmé la scène de torture de la soeur d’Anna.

Une fois que les corps d’Anna et de sa soeur ont sombré sous l’eau, on voit Anna remonter et nager : elle n’était pas morte. C’est le seul et unique point “lumineux” du film : Anna a survécu. Si vous êtes super optimiste comme moi, vous la voyez bien se servir de son téléphone (dont se sont servie les saloperies) comme preuve, puisqu’elles ont tout filmé, et vous espérez une condamnation et tout et tout… mais tout ce que vous aurez, ce sont les crédits de fin.

Voilà. Donc euh, là je vous passe les très longs sévices infligés en temps réel, mais si ça peut vous éviter de les subir, eh ben on n’aura pas subi ce visionnage pour rien.

Cinéma de Noël, round 3 ! Fight !

Après deux articles (celui-ci et celui-là qui ont fait exploser les stats de ce site, attirant une bonne douzaine de lectrices et lecteurs (un chiffre inouï, vous en conviendrez !), voici donc un troisième post qui pourrait bien nous faire monter à quinze visionnages et ainsi côtoyer des sommets de popularité dont a chu récemment le MCU.

Trick’r treat

On avait commencé à le regarder un soir et on s’est endormis devant, mais ce film façon anthologie d’horreur a d’énormes qualités : un bon casting (la palme revenant à Dylan Baker, qui joue toujours de formidables saligauds et ne déroge pas ici à la règle), un rythme efficace alors que le récit est déstructuré (tout se passe un peu dans le désordre), et surtout, surtout… des questions ! Pour moi, la vraie qualité d’un récit intéressant consiste à poser des questions, mais aussi à y répondre. Un bon récit, c’est un puzzle qu’on donne à résoudre aux spectatrices et spectateurs, avec suffisamment de pièces pour qu’il forme une image cohérente, même si cette image elle-même est une énigme (cf. la fin d’Infiniti Pool dont je parlais ici).

Et ici on a un puzzle tout simple, où tout s’emboîte facilement, sans trop d’effort. Des choses au bout du compte très convenues, avec pour objectif d’imposer une nouvelle figure de l’horreur en la personne du “petit gus avec la tête dans le sac” (ça n’a pas vraiment fonctionné, pas de bol), un amour évident pour les EC comics et surtout pour le film Creepshow (avec une brève séquence d’intro animée), et une belle générosité. Le film n’essaie pas d’être plus malin que son principe : il offre ce qu’il a à offrir et résoud la majorité de ses mystères à la fin, et c’est très bien comme ça. Simple, honnête, gore quand il le faut, et un score de cinq étoiles sur cinq au cinépizzaentrepotesmètres : c’est agréable à regarder, prévisible, on peut louper une partie des dialogues en discutant avec les copains, et les histoires sont marrantes à défaut d’être originales (et bien filmées, ce qui ne gâte rien). N’allez pas y chercher un chef-d’oeuvre pour autant : c’est “juste” divertissant. Ce qui représente déjà un tour de force à mon avis !

The tank

Malgré tout l’espoir que je nourrissais en secret (de petites miettes d’enthousiasme, comme on fait quand on veut avoir un gros espoir bien réalisé à la fin), The Tank, qui commence pourtant en 1946, n’est pas l’histoire d’un tank hanté devenu sérial killer et qui assassine très discrètement des teenagers à coup d’obus dans une cabane au milieu des bois.

C’est un récit d’horreur très convenu… qui bascule rapidement dans le cinéma d’action. Une petite famille déménage dans un lieu étrange, une présence inquiétante se manifeste, et ensuite c’est la fête. Contrairement au très consternant The Hallow qui oubliait que pour raconter une histoire, il faut brosser le portrait de ses personnages, The Tank pense à définir une famille marquante : des gens très gentils (et donc attachants), intelligents et pleins de compassion (envers les animaux, ce qui leur donne déjà un bon point et les rend sympathiques), et qui s’aiment comme une famille. Il y a bien un conflit dans l’histoire : ils manquent d’argent, ce qui justifie l’attrait que peut avoir pour eux un héritage assez curieux, qui va faire ressurgir de vieux secrets.

Malheureusement, tout ça se passe très exactement comme on pouvait s’y attendre. Aucune surprise, y compris dans le look des bestioles affrontées : c’est pas du monster design bien folichon, même s’il y a de l’idée. C’est cohérent, logique (au point que la nature des bestioles explique la stratégie utilisée pour les affronter), mais ça n’a rien de stupéfiant. Ce n’est pas vraiment qu’on ait l’impression d’avoir déjà vu ce film : c’est qu’il vous raconte l’histoire exactement comme vous l’avez prévue.

Dans sa dernière partie, il évacue presque entièrement l’aspect horrifique (finis les mystères, les choses bizarres, etc., au profit d’une vague explication scientifique sur la nature des bestioles) et devient tout simplement un film d’action. Ca fonctionne pas mal, c’est bien filmé quoique vraiment trop sombre, les protagonistes sont VRAIMENT attachants… mais voilà, c’est vraiment sans surprise.

Terrifier

Alors attention, coulrophobie niveau trouzmillions avec ce film très gore et vraiment flippant. La nuit d’Halloween, deux nanas se font suivre par un type ultra creepy déguisé en clown, ceci après une séquence d’intro qui nous avait fait renoncer au visionnage du film la première fois : on a recommencé en voyant un petit docu YouTube sur la chaîne WhatCulture Horror vantant les mérites du deuxième, et il fallait donc commencer par le commencement. La séquence d’intro donne le ton : horreur gratuite et dégueu.

Le film est vraiment très très flippant, et il a des qualités : d’abord son méchant absolument terrifiant même quand on n’a pas peur des clowns, et ensuite ses victimes très attachantes, qui forment une galerie de persos vraisemblables et intéressants. Malheureusement, le scénario se limite à un jeu de massacre émaillé de séquences gore vraiment répugnantes, sans qu’aucun propos ne vienne soutenir l’ensemble. On sait par exemple que l’idée du Halloween de Carpenter, c’était celle du Mal absolu, avec un grand M, qu’on ne peut jamais éradiquer tout à fait. Ici, le clown est juste un tueur (un peu particulier, certes, comme le montre une des dernières scènes), et on a du mal à comprendre ce que signifie l’ensemble de ses meurtres : à cet égard, le scénario n’est même pas aussi cohérent que celui d’un vilain Vendredi 13, et la succession de meurtres dégoûtants se révèle d’autant plus malaisante qu’elle est complètement absurde. Bref : c’est bien réalisé (parce que ça provoque des émotions assez radicales), mais c’est creux et vraiment basé sur les effets choc au point de devenir lassant sur la fin. On verra ce que dit le second, mais je n’ai vraiment pas hâte de retrouver son boogeyman infect.

The Pale Door

Mon chouchou de ces derniers jours, c’est un film un peu foireux par moments, avec des SFX pas au top, une histoire pas follement originale… mais beaucoup, beaucoup de générosité et d’idées rigolotes. Tout ça avec Joe Lansdale à la production, et le film a bien ce petit côté : explorons quelque chose de différent par l’intermédiaire de l’horreur.

The Pale Door, c’est l’histoire de deux frères à l’époque du Far West. L’un d’entre eux devient le chef d’une bande organisée, et organise le vol d’une cargaison protégée par les Pinkerton dans un train. Si vous jouez au JDR Deadlands, ça pourrait bien être votre came et constituer une très chouette accroche de scénario, surtout quand on découvre la nature de la cargaison (je n’en dis pas plus).

Avec des “monstres” très classiques mais justifiés par une histoire qui se tient plutôt bien, un développement très orienté action, une troupe de personnages vraiment réussis (on aurait envie de les accompagner plus longtemps : chacun est défini en quelques répliques ou en une scène) et des tas de petites idées bien exploitées, The Pale Door n’a rien d’un chef-d’oeuvre, ni même d’un film parfaitement réussi, mais je l’ai trouvé sincère et juste là où il fallait, dans les émotions des personnages (même si le choix final de l’un d’entre eux est un peu incohérent, mais on s’en fiche). Bref, un très bon moment, avec un film qu’on sent assez fauché, mais qui se donne à fond.

Anna and the Apocalypse

Et pour finir, autre très bonne surprise, Anna and the Apocalypse, une film de zombies sous forme de comédie musicale, rien que ça ! C’est une histoire très simple de “coming of age”, avec un très beau casting et des chansons très réussies. C’est british et ça rappelle donc souvent Shaun of the Dead (sans arriver au niveau de ce qui est pour moi la comédie horrifique absolue), c’est encore une fois bourré de personnages attachants, et il manque juste un petit quelque chose pour que ce soit un vrai grand film plutôt qu’un excellent petit machin très bien réalisé, avec des comédiennes et comédiens au top. En ce qui me concerne, je n’ai pas boudé mon plaisir : j’ai tout simplement adoré, parce que le film était particulièrement cohérent, avec ses couleurs vives, ses ados débordant d’énergie et ses histoires de clique de lycée… D’autant que le film manifeste un bel humour (j’ai éclaté de rire plusieurs fois, c’est bon signe) et reste dynamique du début à la fin. Et bon, si vous aimez les comédies musicales (comme nous) et EN PLUS les films de zombies (comme nous), ça devrait vraiment vous plaire !

Voilà, je finis cette série avec un VRAI film de noël, et je vous dis à dans dix ou vingt ans pour le prochain post ! (ou peut-être un peu avant, quand même…). Bonne faim damnée et à l’an prochain !

Sandy Julien

Sandy Julien

Traducteur indépendant

Works in Progress

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