J’ai commencé récemment à jouer à Starfield, “gratuit” sur le Game Pass, ce qui est une bien bonne chose. J’ai eu l’occasion de tester davantage le jeu ce weeek-end, et voilà où j’en suis.
Après avoir fait un certain nombre de missions, adhéré à Constellation et être devenu membre et citoyen de l’UC (la grosse fédération “de base”), j’ai découvert un peu plus l’univers de Starfield.
Et…. bah c’est pas ce qui va vous retourner le cerveau, entendez : plus classique tu meurs. Mass Effect prenait déjà beaucoup plus de gros risques, et l’univers de Starfield paraît vraiment un peu trop propre (en tout cas en début de partie). Certes, il y a quelques chouettes rebondissements liés à l’histoire, très cohérente, de l’univers de jeu (je parle d’une certaine clone et de son “papa”), mais rien qui vous retourne le cerveau.
Les dialogues en particulier sont assez furieusement décevant jusqu’ici. On a presque systématiquement :
1 – L’option normale : je réponds bien poliment et je suis Captain Ethique de Travail.
2 – Bon, d’accord, je vais la faire ta mission, mais *insérer ici commentaire sarcastique*.
3 – Je te pisse à la raie, hi hi hi, comme je suis trop un trickster de l’espace (option 2 : et combien je reçois de thune pour ça ?).
Bref : les dialogues plus originaux et lourds de conséquence de Mass Effect (ou plus récemment de Baldur’s Gate 3, dans un tout autre registre) me manquent un peu, mais c’est déjà l’impression que je ressentais en jouant à Skyrim : c’est beau, c’est vaste, mais punaise comme j’ai l’impression d’avoir déjà vu ça trouzmillions de fois.
L’interface… ça s’arrange. Après quelques heures d’acclimatations, on trouve enfin ses marques et on commence à jongler un peu avec l’inventaire. A côté de ça, l’exploration en pâtit : jusqu’ici, j’ai surtout l’impression de sauter d’une quête à l’autre avec le bouton X histoire de ne pas jouer à un simple walking simulator (parce que PUNAISE COMMENT C’EST CHIANT DE MARCHER DANS NEW ATLANTIS).
Les trajets à pied dans l’environnement urbain sont vraiment longs et pénibles, et on n’y croise pas grand-chose de mémorable. Pour tout dire, Starfield souffre de la comparaison avec Cyberpunk 2077 (eh ouais !) qui offrait un paysage mémorable, capable de raconter quelque chose. Ici, on a tôt fait de faire le tour des quelques dizaines d’affiches placardées dans la ville, et son côté grandiose a du mal à dissimuler sa vacuité.
Les combats sont toujours aussi sympas, avec une bonne impression de soutien de la part du PNJ qui vous accompagne : on prend en tenaille, on contourne, on distrait… bref, ça marche vraiment pas mal. A côté de ça, j’ai tenté la première option “flirt” du jeu avec un PNJ et… boudiou que c’était nunuche. Les PNJ de Baldur’s Gate sont apparemment bourrés d’hormones, mais ceux de Starfield, je dirais que c’est sans doute des somnifères. J’en suis à me dire : ok, il faut que je fasse la romance parce que ça rapporte des avantages mécaniques. Autant vous dire que l’immersion en prend un coup.
Les missions… bah au début c’est pas ça, mais alors PAS CA DU TOUT. Les fetch quests dispensables s’enchaînent, avec visite de grands locaux vides : aller parler au responsable de telle entité politique, obtenir son autorisation, aller parler à l’autre responsable dans un autre bâtiment/une autre planète, obtenir le McGuffin du jour, le rapporter aux autorités, obtenir le droit d’aller sur une autre planète l’insérer dans un lecteur… pfouuuuuuuuuuuuuuuuuu… C’est furieusement dépassé, la montée de tension des enjeux est léthargique… Bref, bof.
Concluture pour le moment : c’est pas si mal, Starfield. Plus j’avance, plus je trouve le jeu daté, à tous égards. Certes, la mécanique de combat tient le coup, mais je la trouve malgré tout un peu “molle” parfois, un peu désincarnée (je ne sais pas comment expliquer ça, mais ça me rappelle un peu Half-Life 2, où j’avais eu l’impression que le moteur de jeu, formidable pour la gestion physique, aboutissait malgré tout à une impression de personnage en chiffon, pas ancré au sol mais rebondissant comme un ballon : ici c’est normal sur certaines planètes, mais pas toujours…). Rien de nouveau sous le soleil.
Les PNJ sont plus beaux que naguère, mais ils conservent cette fixité à laquelle on était habitué dans Fallout et Skyrim. Pas forcément gênant, mais quand on voit Baldur’s Gate et ses persos particulièrement expressifs, la différence pique un peu : Baldur tente une vraie immersion, tandis que Starfield vous donne l’impression de circuler parmi des mannequins. De jolis mannequins, chez qui on saisit parfois une expression authentique… mais des mannequins.
Les quêtes et leur articulation (qui fait qu’on finit vite par se replier sur l’interface de mission pour sauter d’un endroit à l’autre le plus vite possible une fois qu’ils sont explorés) accusent leur âge. Elles présentent toutefois l’intérêt de dévoiler peu à peu l’univers, mais leur côté didactique l’emporte largement sur le développement des enjeux et de la tension : à aucun moment je ne me suis senti personnellement motivé pour sauver tel ou tel perso, ou m’impliquer personnellement, et les dialogues complètement plats n’y sont sans doute pas pour rien. Pas de véritable dilemme, pas de choix éthique ou philosophique, au point que vous pouvez poser une question du genre : “être citoyen de l’UC m’empêche-t-il d’adopter d’autres citoyennetés ?”, et on vous répond “non”. Dans un univers où les trois grosses factions sont censées s’être livré des décennies de guerre et se trouver dans une situation de guerre froide. Ca a fait claquer douloureusement mes bretelles de suspension d’incrédulité.
Pour autant, Starfield n’est pas mauvais : visuellement splendide, apparemment vaste (même si je commence à voir les façades en carton-pâte et si l’illusion aura duré vraiment trop peu de temps, contrairement à celle de BG3), il propose une aventure spatiale originale, orientée hard-SF et lorgnant davantage vers des univers comme celui d’Alien que celui, plus coloré, de Mass Effect. Et pourtant je préfère ce dernier, dans ce qu’il offrait d’original et de novateur pour son époque.
Starfield est un excellent plat réalisé avec une recette convenue mais classique, avec beaucoup de charme. Il me fait le même effet que Skyrim en son temps : j’avais speedé pour le finir au bout d’un moment, parce que je m’ennuyais ferme. Ce n’est pas un jugement de valeur : les jeux de la série Assassin’s Creed et Far Cry comptent parmi mes préférés alors qu’il n’y a sans doute pas plus répétitif et étiré que ça. Pour Starfield, j’attendais une expérience un peu plus profonde, et qui ne s’appuie pas tant sur ma capacité d’immersion pour fonctionner. Je ne suis pas déçu, ça reste un grand jeu, mais il ne va certainement pas changer la face du monde ludique à mes yeux !