Je viens de finir le jeu Guardians of the Galaxie de Square Enix sur PS5, et pour la première fois de ma vie, j’ai envie de dire que je lui accorderais une note de 10 sur 10.
Le jeu utilise une version des Gardiens très proche de celle du MCU, mais avec quelques différences. Si vous avez vu les films, vous ne serez certainement pas perdus, mais certains détails pourraient vous étonner. En premier lieu, comme dans l’assez médiocre Avengers, le design des persos ne reprend pas celui des personnages, et surtout des acteurs, de la série de films. On met un certain temps à s’y habituer, mais une fois que c’est fait…
Cette. Claque. Magistrale.
En premier lieu, la technique du jeu est irréprochable. C’est un des plus beaux jeux auxquels j’aie joué tous supports confondus. Au passage, j’ai pu le tester sur Xbox Series X avant de passer sur PS5 (il est présent sur le PS Plus Gamebox Play Store Boutique Abonnement Netflix Games, je me souviens plus du nom de ce foutu service, mais c’est l’abonnement PS5 avec plein de jeux). Petit avantage à la PS5 sur ce point : le joypad de la PS5, avec ses détentes à résistance variable, offre un petit plus, et c’est surtout son haut-parleur interne qui ajoute un peu d’immersion lors de certaines scènes. Pas indispensable, ça ne change pas le jeu, mais c’était apprécié. Visuellement, dès le début du jeu avec son flashback dans la jeunesse de Peter Quill, c’est très, TRES fort, avec en plus un sens du design très élégant, ce qui ne gâte rien.
Côté son, on est gâtés aussi : grosse playlist de titres des années 80 (avec Pat Benatar !!! Yay !) plus musique orchestrale façon MCU quand il faut. C’est très bon, et la musique s’intègre au gameplay, ce qui est une très bonne idée.
Dans GotG, vous ne dirigez qu’un personnage, Peter Quill allias Star-Lord, mais vous disposez également de commandes permettant de déclencher certaines attaques de vos partenaires. Au début, c’est assez frustrant, car la lisibilité de l’action pourrait en pâtir. Pour tout dire, lors de mon premier essai du jeu, j’ai été assez désarçonné : j’ai joué comme dans un jeu de tir ou un beat them up, alors que la dimension tactique du jeu est bel et bien présente (et indispensable lors des combats les plus tendus du slibard). Et… ben ça ne marche pas : on se fait vite trucider à moins de passer en mode facile (qui tue tellement la difficulté et l’intérêt que j’y ai renoncé après dix minutes).
Il faut réellement apprendre à gérer l’équipe, et c’est très futé, étant donné que c’est un des thèmes de la franchise : unir des personnages aux caractères différents dans une équipe et une famille de « misfits » galactiques. Il va donc falloir non seulement canarder les ennemis, mais avoir une vision globale du champ de bataille pour aider vos alliés ou les faire intervenir de la bonne façon contre les ennemis appropriés. Ca demande un peu de finesse, mais une fois qu’on maîtrise, c’est particulièrement jouissif ! D’un bout à l’autre, les combats sont bien équilibrés, toujours fun à jouer et jamais complètement frustrants (même s’il y en a quelques-uns d’assez costauds, même le casual gamer que je suis en est venu à bout à force de persévérance). Et quand vous vous faites démonter… vous pouvez demander une réunion d’équipe pour booster le moral de vos coéquipiers, et c’est là qu’une des chansons des années 80 commence à jouer pour vous donner la patate !
À cet aspect baston s’ajoute un petit côté énigmes/exploration simple mais marrant : il faut utiliser les capacités des divers Gardiens pour débloquer des passages au fil de l’aventure, et c’est vraiment amusant et efficace. D’autant que le jeu fait quelque chose de TRES finaud, et c’est là que je vais commencer à justifier mon 10/10.
Quand vous êtes bloqué, les autres personnages vous donnent des indices.
Pas sous forme d’encadrés à l’écran qui vous sortent de l’immersion du jeu, non. Pendant les dialogues parlés, vos coéquipiers vous disent des trucs comme : « je crois que Peter Quill s’est perdu », quand vous partez dans la mauvaise direction. Dans certains cas, un des personnages vous guide vers la bonne destination. En terme de level design, c’est tout simplement magistral : alors que j’ai tendance à me paumer dans pas mal d’univers, ici, sans la moindre carte, sans flèches à l’écran pour me diriger, je ne me suis jamais perdu, j’ai toujours su ce qu’il fallait faire, je ne suis jamais allé chercher une soluce une fois bloqué. Chaque fois, les indices fournis verbalement par les autres Gardiens ont suffi à me ramener dans la bonne direction, ce qui est vraiment unique (je sais qu’il y a plein de jeux qui donnent des indices, mais aucun ne les donne 1) aussi subtilement 2) dans le cours de la conversation des PNJ ; les indices ne sont jamais extradiégétiques, et c’est un tour de force magistral).
Les conversations, parlons-en.
J’ai fait le jeu en VF audio sous-titrée VO, juste pour voir, au début… et j’ai conservé ce mode jusqu’au bout (d’ordinaire, je bascule presque systématiquement sur la VO sous-titrée VO ou VF, selon le jeu, mais quasiment toujours sur la VO audio en tout cas). Le deuxième tour de force du jeu, c’est sa traduction et son adaptation.
Les personnages parlent en PERMANENCE dans les Gardiens de la Galaxie, ça papote sans cesse, y compris dans les combats. J’ai récemment testé un jeu qui utilisait aussi ce principe, Xenoblade Saga 3 sur Switch. Et sur Switch… déjà, c’est VO (japonaise) ou doublage anglais, donc pas de bol pour les francophones uniquement, et surtout… C’est une véritable cacophonie ! Les PNJ se contentent de balancer des noms d’attaque ou des répliques planplan histoire de fournir un fond sonore. Au bout d’un moment, c’est assez agaçant et ça ne sert pas à grand-chose.
Dans Guardians of the Galaxy, les personnages balancent sans cesse des bons mots, et de vrais bons mots DRÔLES. Et non seulement ces blagues sont excellemment traduites ou adaptées (contournant parfois d’exquises difficultés idiomatiques), mais elles sont interprétées par des comédiens talentueux. La voix française de Drax m’a un peu ennuyé au début, car je m’étais habitué au doubleur du film, mais ça s’est vite effacé devant le talent énorme de toute l’équipe (avec un coup de chapeau particulier au doubleur de Rocket, qui défonce tout). On est devant un travail d’une justesse formidable, où le choix des mots, des intonations et de la diction fait immédiatement prendre la mayonnaise et vous plonge dans l’univers des Gardiens.
J’ai éclaté de rire à plusieurs reprises en jouant.
Parfois, devant un jeu, j’ai un petit sourire genre « hi hi hi, je vois ce que vous avez fait, là, c’est drôle ». Je n’avais jamais éclaté de rire devant un jeu (Note : si, Octodad. J’ai éclaté de rire devant Octodad. D’un bout à l’autre du jeu. Mais c’était pas à cause des DIALOGUES), et ça m’est arrivé très souvent. En fait, l’expérience de ce jeu a été totalement… cinématique pour moi. Je faisais partie du « film ».
La volonté d’offrir une expérience de ciné est claire ici, avec de grosses cinématiques (particulièrement digestes, alors que c’est un truc que je déteste dans la majorité des jeux, et qui m’empêchera sans doute à tout jamais de faire le moindre Metal Gear Solid), un générique de fin (hu hu hu…) et une séquence post-générique façon MCU (franchement, restez jusqu’au bout). Lorsque vous êtes confronté à des choix de dialogue, ils sont toujours bien vus et ne trahissent jamais le personnage (contrairement au genre de choix qui vous sort immédiatement de la fiction en vous proposant une réplique absurde, juste « parce que c’est marrant »). D’ailleurs, ces choix de dialogue… vous allez devoir les faire pendant que vous vous baladez…
Dans GotG, vous explorez plusieurs planètes assez stupéfiantes, et parfois, aller du point A au point B pourrait être vraiment, VRAIMENT gonflant. Ici, la conversation constante ponctue ces passages. Et le jeu vous laisse l’occasion d’INTERVENIR pendant ces conversations de vos camarades, généralement pour prendre le parti d’un d’entre eux contre un autre. Ca n’a pas vraiment d’influence technique, mais c’est une technique d’immersion particulièrement bien vue.
Tout se réunit pour vous donner l’impression de faire partie d’une équipe, d’une équipe de personnages VIVANTS et non de « PNJ ». Et ça passe par des détails tout simplement géniaux. Le plus frappant, pour moi, était le suivant. Dans tout le jeu, vous pouvez exploiter les pouvoirs de vos camarades pour tendre des ponts afin de traverser des gouffres, détruire des obstacles, etc. À vous de dire à Groot de faire pousser des branches pour couvrir un abîme. C’est un mécanisme qui n’est pas utilisé à outrance, mais qui peut devenir fastidieux : on voit le petit marqueur de pont, on demande à Groot, allez, suivant, circulez y a rien à voir.
Sauf qu’à un moment, Groot réagit tout seul. Il déploie le pont sans que vous ayez rien demandé. Ce petit moment de rien du tout m’a complètement épaté. Je me suis demandé si je n’avais pas lancé la commande par inadvertance. Non, d’autant que Star-Lord le souligne verbalement en félicitation Groot pour son initiative. Ce tout petit détail m’a complètement happé dans l’univers des Gardiens (bon, quand c’est arrivé, j’y étais déjà absorbé depuis longtemps…).
L’univers lui-même est riche et COHERENT : les lieux proposés ont une histoire, et surtout, les personnages y sont intimement liés. Aucun détail n’est anodin (pensez à fermer la porte du frigo !), et cette cohérence permet d’explorer l’histoire de cette version des Gardiens. C’est du worldbuilding de ouf, le tout servi par des visuels époustouflants et de grands moments. D’ailleurs, le thème des liens familiaux joue un rôle essentiel, comme dans les deux premiers films de la série (la bande-annonce du 3e me fait craindre un vieux truc carrément foireux, je le sens hyper mal, mais je le verrai quand même, sachant que j’ai adoré les deux premiers), et certaines scènes m’ont paru particulièrement émouvantes (une certaine scène d’anniversaire). Bref, du côté du récit, c’est énorme.
Et la durée de vie est tout à fait honorable : une bonne grosse quinzaine d’heures pour faire l’intrigue principale, qui va de rebondissement en rebondissement. Au passage, petit détail qui fait aussi la qualité du jeu : vous pouvez mettre en pause à n’importe quel moment (par exemple le temps d’aller préparer la bouffe ou répondre au téléphone), même lors des cinématiques. Ça n’a l’air de rien, mais il y a trop de jeux qui oublient ce genre de petit détail (oui, Midnight Suns, c’est à toi que je pense…).
Tant qu’on y est, Midnight Suns, parlons-en. C’était ma dernière expérience Marvel juste avant GotG, et j’ai adoré certains aspects du jeu, au point de me dire : OK, ça va devenir MON jeu Marvel préféré. Malheureusement, d’autres aspects handicapent le jeu, en particulier ses dialogues médiocres et d’une lenteur de limace sous tranxène. Quand on compare à GotG, c’est le jour et la nuit. Alors que Midnight Suns joue la carte du fan-service à outrance et s’appesantit bien trop sur ces aspect, GotG se suffit à lui-même : même si vous ne captez AUCUNE référence, le jeu a énormément à offrir et ne vous perd jamais.
À la fin de GotG, j’ai ressenti ce que je ressens après un excellent film, ou un super repas. J’étais… repu. Satisfait, pleinement, sans RIEN à reprocher au jeu, mais rien de rien. Je n’ai même pas parlé du design de ouf du grand méchant, de la motion capture impeccable des personnages, de la possibilité d’utiliser le lecteur audio dans le Milano pour écouter des tubes des eighties ou du slip de Fin Fang Foom, mais je vous garantis que c’est une balade absolument extraordinaire. Et à l’heure où j’écris, on trouve souvent le jeu à une trentaine d’euros, à moins que vous soyez abonné·e au Gamepass ou au Playstation Plus (c’est ça, non), auquel cas vous y avez accès sans débourser un centime de plus.
Du coup… j’avais un palmarès de jeux Marvel, un trio de tête. Midnight Suns et Spider-Man, que je mettais au même niveau jusqu’à ce que je finisse Midnight Suns, qui passe désormais après Spider-Man : la qualité du jeu s’essouffle sur la fin (que je trouve carrément bâclée, convenue et pas satisfaisante du tout excepté la scène post-générique), et les dialogues sont… ben c’est quand même vraiment mauvais. Mais Guardians vient de passer DEVANT Spider-Man, parce qu’il n’y a rien à jeter dans ce jeu. Je ne regrette pas d’avoir persévéré après une première impression mitigée (le système de combat est TRES particulier et surtout, au tout début du jeu, vous êtes vraiment sous-équipé face aux adversaires et vous risquez de mourir vite : ça s’arrange très rapidement et le jeu en vaut la chandelle).
Bref : meilleur jeu Marvel ever, et… est-ce que ce ne serait pas LE meilleur jeu auquel j’aie joué ? Difficile à dire (il y a quand même A link to the Past – que je préfère de loin à Ocarina of Time, Bioshock, et pas mal de titres assez costauds…). Disons simplement qu’il figure dans le top ten, haut la main, ex-aequo avec ces jeux et quelques autres.
Je vous recommande vigoureusement de l’essayer, et je remercie du fond du cœur l’équipe responsable de l’adaptation française, traducteurs et comédiens : ils ont tout simplement fait LE meilleur boulot de ce genre dans l’industrie du JV selon moi (à cet égard, le jeu est le meilleur de tous les temps).