J’ai parcouru en accéléré, grâce à mes superpouvoirs, les règles du JDR écrit par Romain D’Huissier. Concluture, voire conclutures parce qu’il y a beaucoup à en concluser.
* L’univers est fun, héroïque, et surtout, accessible à des gens dont la connaissance de la mythologie se limite à quelques épisodes d’Ulysse 31 (s’ils sont vraiment vieux), de Xéna la guerrière (s’ils sont fun) ou des Grandes Figures de la Mythologie grecque contre Godzilla (s’ils vivent dans un univers alternatif où cette série existe). C’est post-apo avec des streumons qui rôdent partout, des dieux qui se foutent un peu (beaucoup) sur la gueule, et des héros qui… ben qui héroïsent, quoi. J’ai survolé, lu le background en diagonale, et je n’ai pas encore lu la description des dieux, mais c’est vraiment, vraiment fun et décomplexé (“on avait mis tous les monstres et les héros dans un grand sac, et pis en fait, fouitt, le sac s’est ouvert et tout est tombé en même temps, ben merde”, sans pour autant tomber dans la gaudriole un peu forcée de la Xéna susmentionnée.
* Les règles du jeu. Reprenant certains mécanismes de celles du jeu de plateau (la gestion des bonus obtenus aux dés), le système repose sur une base mécanique ultrasimple (tu lances un nombre de d6 égal à carac+compète, chaque dé donnant un résultat supérieur ou égal à la difficulté est une réussite – une réussite suffit pour réussir une action) accompagnée d’une sorte de système de gestion marrant (les 5 explosent, on peut utiliser un dé donnant de 1 à 4 pour ajouter +1 à un autre dé, et plein d’autres petits bidules comme ça) ainsi que d’effets narratifs bien vus (les héros peuvent avoir un “épithète homérique” qui leur permet d’obtenir des bonus de +3 au lieu de +1 dans certaines situations, ainsi que des spécialités qui permettent d’utiliser les résultats de 6, normalement rejetés). Ca m’a l’air fonctionnel, et honnêtement, j’ai hâte de tenter le truc. De petites subtilités viennent donner de la substance au jeu, c’est sympa.
* Les règles de combat sont évidemment bien développées, parce qu’on n’est pas là pour jouer de la lyre et bouffer des olives : ça va tabasser sévère du streumon mythologique.
* La création de perso : c’est bien, c’est rapide, et ça donne des gugus plutôt solides pour aller molester les saloperies susmentionnées. On a le choix entre jouer des persos mythologiques et inventer ses propres bourrinos grecs, et franchement, c’est une vraie réussite : c’est complètement transparent, et que vous jouiez Hercule aux Gros Biceps ou Gyrospita le Rôtisseur de Fauves Géants, ça s’intègrera parfaitement dans le machin. Je craignais vraiment que l’avantage aille aux héros classiques, mais non. A noter qu’on a vraiment l’impression de créer un héros, pas un mec qui va aller taper des rats dans un vieux fond de temple pour pexer un peu et gagner un rang en Dague courte et émoussée. En outre, les points d’Excellence permettent de réussir automatiquement des actions, qu’on espère héroïques.
* De la subtilité : eh bien oui. Chaque héros a la faveur et la défaveur d’une divinité, mais également une destinée qui se manifeste sous forme narrative. C’est bien, et on se dit qu’il y a de quoi jouer autant des trucs épiques que de belles tragédies, puisque chaque héros est censé pouvoir être confronté à une épreuve qu’il a déjà surmontée autrefois, mais devant laquelle il est destiné à échouer.
* Un jeu à l’ancienne : ben ouais. On a là un jeu où on interprète des héros qui vont aller friter des monstres et évoluer sur l’échiquier politique de divinités qui les dépassent, mais qui manifestent des travers tout à fait humains. On va jouer des blockbusters avec effets spéciaux et sang rouge qui gicle, on n’est pas dans “Claude Lelouch Simulator 2017”. Ce qui signifie que s’il y a du “drama”, ça va plutôt tendre du côté Chevaliers du Zodiaque que vers “Toi et moi dans un couloir pendant une heure trente et voyons si je te raconte la fois où j’ai dormi chez mes cousins”. Ce qui est une très bonne chose, parce qu’on en revient aux fondamentaux du JDR, genre : comment on fait pour niquer l’hydre de Lerne, les gars ? Il va y avoir des trahisons, des héros déchus, des rédemptions, de la violence (plein)… bref, des choses que j’aime beaucoup.
* Un jeu d’initiation ? La question moisie… Et pourtant… Oui, c’est à la mode, les boîtes d’initiation et tout le toutim, et il y en a beaucoup de très réussies. Et MBP fait partie du lot. J’esqique. On a un système de jeu extrêmement simple. Avec des dés à six faces. Dans un univers super connu, avec de gros trucs évidents, mais aussi une belle marge de manoeuvre : tout a été pété, on met un peu tout le monde dans le même sac et en voiture Héra ! Les anachronismes, on s’en tape un peu : du moment qu’on reste un peu dans le mood, ça va marcher, pas besoin d’avoir fait maîtrise d’histoire pour choper l’atmosphère, finalement très proche de la fantasy “traditionnelle”, avec un petit côté dark très plaisant. Tout ça dans un bel ouvrage, bien illustré, qui ne délaie pas son propos sur deux mille pages. On a un truc condensé sur 200 pages, avec juste ce qu’il faut de matière pour vous laisser faire des choses sympa avec sans vous prendre le chou sur des détails pénibles. Initiation ? Initiation.
Je me suis longtemps tâté pour savoir si je devais parler du prix, mais finalement, puisque tout le reste est vraiment bon et qu’il s’agit du seul truc qui m’a fait tiquer, je vais en parler (d’autant que j’avais déjà couiné sur le prix de La Fin du Monde, qui m’a autant plu). Le jeu coûte 60 euros, et je trouve que c’est très cher. Je ne vais pas m’aventurer dans les territoires de “pour le même prix vous avez” (parce que la vérité c’est que “pour le même prix vous n’avez PAS ce jeu-là, donc si c’est celui-là qui vous plaît et que vous en achetez un autre pour le même prix simplement parce qu’il y a plus de pages, vous êtes vraiment con comme une planche”) : simplement, j’ai été surpris en découvrant ce tarif (j’ai obtenu le jeu dans le cadre du KS pour MBP le jeu de plateau, donc pour moi c’était un peu “transparent”). Maintenant, pour vraiment concluter, je dirais qu’une fois que j’ai feuilleté MBP, je ne vois aucun inconvénient à le payer ce prix, dans la mesure où ça me semble le genre de jeu avec lequel on peut faire de très longues et belles campagnes.
En concluture finesque : je lui mets six étoiles sur trois torchons en pizzaz, le prix spécial de gorzifluxion, et c’est mon jeu de la soirée d’hier soir, en exclusivité.