Vous connaissez (peut-être) la musique : mon épouse et moi avons vu des films, ils étaient cools, j’ai envie de vous en parler.

Premier flime : The Watchers

Alias “Les Guetteurs” d’Ishana Night Shyamalan, et on voit bien que c’est la fille de son papa. Même pitch assez dingue (des gens se retrouvent emprisonnés dans une sorte de cabane pourvue d’une vitre sans tain par laquelle des créatures étranges, les Guetteurs, les observent), même goût des images léchées (il y a notamment quelques très beaux plans large et un beau talent visuel), un choix d’acteurs assez judicieux (Dakota Fanning est vraiment très cool), et même goût pour le twist de fin de scénar…
Malheureusement, ici, le film multiplie ces fameux retournements de situation de manière pas très folichonne, et à vrai dire, votre suspension d’incrédulité va en prendre un rude coup à chaque nouvelle révélation, de plus en plus foireuse, jusqu’à une fin qui essaie très fort d’être super cool, mais avec des sabots taille XXXXL. Le scénario passe de “un peu jeune” à “complètement absurde” en pas bien longtemps, et s’achève sur une conclusion qui m’a semblé un peu ridicule, avec des recours au folklore en mode vu, revu et rerevu… N’est pas Mike Mignola qui veut : il ne suffit pas de mettre un vernis de nouveauté sur un concept rebattu pour que ça fonctionne à donf.

Donc voilà : j’ai menti dans l’intro, on n’a pas aimé tous les films qu’on a vus. Et je ne vous recommande pas, mais alors pas du tout The Watchers, qui est franchement naze.

Bon bon bon… On enchaîne !!!

Wicked Little Letters, alias Scandaleusement Vôtre (mouais, bon… c’est pas complètement pourri comme adaptation de titre, mais on va dire que ça manque un millipoil de génie). Eh ben là, gros, GROS problème… qui n’en est pas un…

Alors déjà, il y a Olivia Colman, qui est génial comme toujours, donc ça ne peut pas être un mauvais film.

Le défaut du film… c’est sa bande-annonce. Si jamais vous y jetez un oeil sans connaître le pitch, vous aurez l’impression d’une petite comédie britannique rigolote, et presque d’une amitié improbable entre deux nanas à l’époque où on n’avait pas le droit de dire fuck quand on était bien élevé (comment ça, c’est encore en vigueur ? Fuck !!!).

Alors en fait pas vraiment. C’est bien une comédie, mais une comédie assez grinçante, et ce n’est pas du tout une histoire d’amitié entre deux nanas (même pas “simplement” amitié, hein, on parle pas de … de sistermance ? Je connais pas le mot et j’ai la flemme de chercher) : c’est l’histoire d’un scandale assez dur, avec un gros gros accent mis sur l’influence néfaste du patriarcat dans ce qu’il a de plus abject (et incarné par le personnage qu’interprète, avec brio comme toujours, l’immense Tiomthy Spall). Jessy Buckley est formidable, et on oublie souvent l’extraordinaire Anjana Vasan dans le rôle d’une inspectrice de police géniale. L’idée : une “vieille fille” anglaise très comme il faut reçoit des lettres injurieuses, et on arrête sa voisine, une jeune femme beaucoup moins comme il faut selon la vision de l’époque, soupçonnée d’envoyer ces vilaines petites lettres du titre original.

C’est franchement délicieux, mais pas toujours léger : l’aspect dramatique pèse autant que la comédie, voire davantage, et la fin est à la fois drôle et glaçante. Bref : c’est du ciné britannique vraiment bien fichu, on ne s’ennuie pas, les acteurs et actrices font un show du tonnerre et les seconds rôles sont formidables. Juste : n’attendez pas un truc vigoureusement feelgood sur une amitié de lesbiennes avant l’heure, c’est pas trop trop le truc.

Et finalement, last but not least…

Dinner in America. La claque monumentale. Je croyais pas qu’on pouvait faire une romcom punk, et en fait si. Kyle Gallner joue un junkie pyromane et immédiatement insupportable dans cette comédie à l’humour acide comme du jus de xénomorphe, et qui prend un jubilatoire plaisir à pisser sur les valeurs de l’Amérique.

Après une intro qui m’a fait craindre le pire, on assiste au développement d’une idylle géniale entre ce perso complètement désespéré et une jeune femme passionnée de musique punk. Je ne veux rien spoiler donc je me contenterai de vous dire que Gallner est époustouflant, secondé par une Emily Skeggs formidable, une bande-son qui agace, inquiète et dépote, et que tout ça mène à une histoire d’un romantisme dingue, émaillée de moments d’émotion qui m’ont tiré quelques larmes d’émerveillement, et tout ça sans artifice, juste des personnages au charme dévastateur et que j’ai trouvé particulièrement… justes. Le réal parle de s’être inspiré de Napoleon Dynamite, et ça ne m’étonne pas une seconde : on trouve la même approche entre réalisme et délire total, comme pour vous dire que même l’existence la plus ordinaire recèle des moments de magie pour qui veut bien les voir. Et surtout, pour vous rappeler ce que c’est qu’être humain, profondément, même quand on passe pour une racaille… Véritable tour de force !

J’ai pas vu de meilleure comédie romantique depuis des décennies (alors que je suis vraiment client), et si vous aimez les trucs vraiment barrés, résolument punk, aux personnages fouillés sans être des sortes de puzzles à décoder pour s’y attacher… eh ben vous êtes probablement moi, parce que ce film a coché toutes les cases pour me plaire !