J’espère partir comme un vieux con aigri, désespérant de toute forme d’art, me souvenant de l’âge d’or où tout était mieux, pour me dire : bon, ça y est, c’est fini, plus rien à découvrir, donc pas la peine de rester.
Pouf pouf…
Scorsese nous annonce qu’il ne voit rien de passionnant dans l’univers ciné de Marvel. Selon lui, ces films ne sont pas réalisés par “des êtres humains qui veulent transmettre des émotions”. Eh ben merde alors. Ca m’a fait réfléchir (une fois n’est pas coutume, diront les trous de balle du fond : je vous vois. I see you, you little holes of bullets !).
C’est une opinion (tout à fait argumentable), mais une opinion à laquelle je n’adhère pas, mais alors pas du tout.
Scorcese enchaîne sur cette époque lointaine et bénie où on faisait des films sur de vrais personnages, du “vrai cinéma” donc (en oubliant au passage que l’époque dont il parle était particulièrement riche en films d’exploitation et autres séries B, voire Z, mais mettons).
Il y aurait selon lui un vrai cinéma (rare) et un faux cinéma (celui qui joue les “parcs d’attraction” et qui n’est donc pas du cinéma).
Et ça, je trouve ça furieusement con. Il n’y a pas de “vrai” ou de “faux” cinéma. Pas de bol : le ciné, c’est le ciné. Même le ciné qu’on n’aime pas.
Moi, le ciné d’aujourd’hui, je l’aime bien. J’aime bien voir fleurir des trucs improbables (Mother), bouleversants (Midsommar), fun (plein de films). J’aime bien l’entertainment pur jus, celui qui est là pour te faire plaisir, ce qui ne l’empêche pas de te faire réfléchir à l’occasion. Un cinéma qui serait au service du public. Alors que le cinéma “auteurisant” me fait généralement chier parce que… eh ben parce qu’il est au service de quelqu’un d’autre (c’est écrit sur l’étiquette, comme le Port-Salut). Et le plus noble des deux, à mes yeux du moins, n’est pas celui qu’on croit. J’aime le ciné généreux d’un Guillermo del Toro. J’aime les films un peu foutraques, et j’aime les blockbusters (mon film préféré étant le premier d’entre eux, Les Dents de la mer).
J’aime plein de trucs. Ouais, je me souviens de belles périodes ciné (les années 1980), mais de là à dire : “tout était mieux avant”, oh poutrin, non.
Je me dis encore que le meilleur est à venir, avec des films inclusifs, et les innombrables formes de narration qui ne devraient pas manquer d’accompagner la (trop) lente déliquescence de la narration patriarcale, sexiste et raciste qui prédomine depuis toujours (ce qui ne m’empêche pas de toujours apprécier des machins bien sexistes, mais en percevant désormais leurs gros défauts et en me disant : dommage).
Je vois plein de choses merveilleuses. “Je vois des bons films. PARTOUT.” Je suis bien content d’être câblé comme ça, plutôt bon public, avec de solides bretelles à suspension d’incrédulité. Je suis bien content d’être fromage ET dessert.
Alors je révise ma déclaration de début de post.
J’espère ne partir QUE quand je serai un vieux con aigri se souvenant de l’âge d’or où tout était mieux. Ca devrait me laisser un sacré bout de temps devant moi.
La bises à toutes les créatives et à tous les créatifs.