Je le disais dans mon précédent post, la fin d’année représente une occasion idéale pour se goinfrer de flimes, et les meilleurs flimes sont les flimes bien craspecs, les trucs d’horreur dégoulnasses qu’on regarde sous la couette en frissonnant et en mangeant des pancakes. En voici 3,5 autres, qu’on a pu apprécier pour diverses raisons !
Premier flime : Wrong Turn 2
Alias “Détour mortel 2” en français, bon ben c’est de la traduction de titre correcte, on va pas couiner, contrairement aux victimes des ploucs mutants qui sévissent dans ce second opus de la série Wrong Turn, qui avait commencé avec un premier film tout à fait respectable. Le principe : des gens normaux (donc assez vigoureusement cons, comme toujours dans les films d’horreur de ce genre) se perdent dans une région isolée des zétazinis et y rencontrent une famille de… ben d’espèce de ploucs consanguins mutants façon La Colline a des yeux : cannibales, meurtriers, assez peu fréquentables. S’ensuit un massacre assez systématique des représentants de la tribu urbaine par les sauvages, qui les traquent comme du gibier. C’est assez gore, il y a de la tripe et de la dégustation de gens, bref, l’idéal pour digérer.
Le 2e film de la série conserve le tout, mais y ajoute un ingrédient assez savoureux : les victimes sont cette fois les participants d’un jeu télévisé du style Koh-Lanta, censés survivre en équipe dans la forêt, laquelle a été abondamment équipée en caméras et dispositifs divers, qu’on oublie très rapidement, parce que l’action ne traîne pas et tout le monde se fait bouffer. C’est du slasher/survivalist/hillbilly horror réussi, avec un bon second degré qui rend plus supportable les scènes de boucherie grâce à un humour noir assez redoutable. De bons protagonistes, avec un bon équilibre entre “j’ai envie qu’ils meurent vite” et “ah merde, le pauvre, prendre un XXXXXXX dans le XXXXXX alors qu’on était en train de XXXXXX c’est quand même rigolo pour personne”. Hautement regardable entre copains et copines, encore une fois avec une bonne pizza (ou un bon bol de ramen pour ajouter des bruits d’aspiration dégoûtant à ceux des boyaux qui se dévident). Ca reste assez gore, donc quand même pas recommandable si vous y êtes sensibles.
Deuxième flime : The Hallow
Zgönk (j’ai oublié son nom, en vrai) et Claire emménagent dans une maison au fond d’un bois destiné à être vendu et rasé, et ils ont oublié leur shampooing. Non mais Hallow, quoi !
Attention, je vais spoiler une grande partie du film.
Alors en fait, ce film est TRES intéressant, mais pas pour les raisons espérées par son réal et son scénariste, j’imagine. Le principe : la forêt, irlandaise, est infestée de ces cochonneries de forces du mal qui font rien qu’à vous emmerder dès que vous faites un truc familial genre emménager quelque part. Ca se manifeste sous forme fongique, et ensuite viennent des espèces de bestioles dégoûtantes, mélange entre fées maléfiques et infestés de The Last of us. Ca, ça fonctionne. Le couple a un petit bébé, que les créatures veulent prendre, évidemment, et là intervient le thème du Changelin, vraiment pas mal foutu et bien illustré visuellement. Les effets spéciaux fonctionnent bien, la réal est nerveuse et efficace… bref, ça devrait marcher.
Et en fait pas.
Tout simplement parce que l’histoire, ce n’est QUE ça. Zgönk et Claire essaient d’échapper aux “fées” de la forêt (un voisin essaie bien de les avertir, mais comme Zgönk est con comme un balai, il n’écoute pas et se retrouve bien bien dans la merde). C’est tout. Il n’y a strictement rien d’autre (excepté un vague message “touchez pas aux forêts hantées par des créatures fongiques meurtrières”, bien appuyé par une scène finale qui rate complètement le coche en préférant l’effet jump-scare à la subtilité : il y a notamment un petit bruit de propagation végétale qui aurait suffi à faire passer le message si le réal s’était contenté de ça pendant les crédits de fin, plutôt que de nous infliger… ben ce truc débile : je vous l’ai à moitié spoilé mais ça va pas vous traumatiser).
L’histoire se limite à ça : c’est des gens qui survivent. Qui sont ces gens ? Ben Zgönk est un scientifique qui écume la forêt pour récupérer des échantillons de… de truc de la forêt, quoi. Il fait ça en free-style, sans gants, avec son bébé sur le dos, décontracté du zboub même quand il fouille un vieux cadavre craspouac avec bébé juste à côté. Il laisse son épouse subir les engueulades du voisin susnommé, promet qu’il ira parler avec lui et ne le fait pas. Ensuite, il se contente de lui hurler les trucs traditionnels des films d’horreur : “Reste ici !” “Cache-toi dans le machin !” “Cours !” “Amène-moi la télécommande, je veux regarder Arte !”
Sans jamais rien lui expliquer. Mais rien, hein. Il laisse aussi traîner ses vieux échantillons moisis n’importe où, fait littéralement comme si elle n’existait pas, etc. Claire, elle, égoutte des nouilles (true story), s’occupe de son baybay, plonge dans l’eau froide pour cherchay son baybay volé par ces cochonneries de forces du mal, récupère son baybay mais ne vérifie JAMAIS s’il va bien, laisse Zgönk enfermer son baybay dans un vieux placard tout pourri où les fées pourront le chercher sans problème, et se comporte généralement comme une potiche pourvue d’une petite poignée de neurones.
Qu’est-ce qu’elle fait dans la vie ? Quelle est la nature de son rapport avec Zgönk (non, “ils sont mariés”, c’est pas une relation c’est un état civil), a-t-elle des envies, des hobbies (à part les nouilles), des idées (à part “il faut protégeay mon baybay car je suis sa mayre”) ? Eh ben on ne le saura jamais. Zgönk, pareil : il aime trouver des choses dégoûtantes dans les bois et regarder des organismes improbables foutre la merde façon The Thing avec son microscope, mais à part ça, mystère. C’est aussi un père de merde, qui fait constamment prendre des risques inouïs à son gosse, mais se révèle idéal en le sauvant quand même, parce qu’il faut pas exagérer, c’est quand même un mec, un vrai, un tatoué.
Non seulement les personnages sont des caricatures d’eux-mêmes (la mère définie uniquement par son instinct de protection, le père curieux et scientifique qui n’en a un peu rien à foutre des incitations de sa femme à ne pas ramener des cochonneries de forces du mal à la maison, mais au bout du compte très viril et protecteur lui aussi), ce qui les rend furieusement pas sympathiques, mais en plus, ils n’existent littéralement pas en dehors de l’intrigue (faut échapper aux cochonneries d’forces du mal). Ils ne font rien, ne disent rien qui puisse définir la vie que perturbe le drame, ou le conflit qu’il pourrait venir souligner, voire résoudre. Et là, le film se foire magistralement, parce qu’on n’en a strictement rien à foutre que Zgönk se fasse bouffer ou que Claire retourne jouer la mère-zombie une fois qu’elle aura récupéré Zgönk Junior : au bout du compte, le gosse aurait été mieux chez les fées, qui doivent faire une omelette aux champignons à tomber, en plus, si ça se trouve.
Bref, c’est assez stupéfiant de voir un scénario de film d’horreur passer à côté de la règle : la situation horrifique n’est qu’un prétexte (ou un contexte) permettant d’examiner les rapports humains, et généralement la cellule familiale telle qu’on la conçoit à l’époque de la réalisation du film. L’horreur n’a pas de sens si elle arrive à des personnage creux, voire à ces absences de personnages que sont Papa et Maman cherchant à sauver Bébé. Je suis stupéfait que ce soit passé. Si vous vous intéressez au fonctionnement de la narration d’horreur, je ne peux que vous recommander l’excellent jeu Vaesen, paru en VF chez Arkhane Asylum et traduit par votre serviteur : il comprend un passage permettant de créer une bonne intrigue d’horreur, et vous explique que dans le cadre d’un scénario standard de Vaesen (coup de bol, The Hallow est très exactement un scénario de Vaesen : la civilisation empiète sur la nature et courrouce des êtres féeriques), il y a toujours deux conflits, celui entre l’homme et les fées, mais aussi celui qui agite les hommes entre eux… Bref, un flime intéressant, mais pas parce qu’il était bon…
Flime numéro trois : One cut of the dead
Attention, petit chef-d’oeuvre ! On m’avait plusieurs fois conseillé ce film de zombies japonais en me vantant son ingéniosité, et nous avions tenté de le regarder une fois avec mon épouse… Au bout de dix minutes, nous ne comprenions pas où allait le film, et nous avions laissé tomber.
Mais il n’était pas question de passer à côté du truc, d’autant qu’on nous avait expliqué que la vraie satisfaction venait à la fin. Alors voilà : c’est vrai. Il y a un truc essentiel à savoir (sans spoiler, parce qu’il ne FAUT PAS que vous sachiez ce qui va se passer) concernant ce film : le début peut vous paraître planplan… ou plutôt “plan”, parce qu’il est réalisé en un seul plan-séquence unique, un tour de force cinématographique qui va vous sauter aux yeux, mais vous vous direz peut-être comme moi “OK, c’est ça l’ingéniosité du film ? Bon ben ça casse pas trois pattes à un canard…” Et en fait non.
J’ai un conseil : allez jusqu’au bout. Vous allez voir un truc au début, puis vous allez être un peu surpris en deuxième partie de film, et à la troisième partie vous allez pousser des cris, rivé à votre écran, et si jamais vous regardez avec des ami·e·s, vous allez échanger des idées et des opinions. C’est pas un truc qui va changer votre vision de la vie, c’est pas un film tellement émouvant que le Tombeau des lucioles à côté c’est un dessin animé de Mickey, c’est juste un tout petit truc absolument formidable, et si vous aimez le ciné, et a fortiori les petits machins amateurs et les séries B, vous allez kiffer grave. C’est plein d’une sorte de malice jubilatoire, avec des personnages excellents, parfaitement caractérisés en quelques phrases, tout le contraire de The Hallow, qui peut venir prendre des leçons d’écriture ici. Pom !
Quatrième flime : Trick’r Treat
Alors en fait j’ai vu que la moitié et je me suis endormi. MAIS… c’était une foutrement bonne moitié. Trick’r Treat est un film racontant de petites histoires d’horreur façon EC Comics dont les personnages se croisent et s’entremêlent lors de la soirée d’Halloween. C’est fun, c’est sale sans être trop gore, et il y a quelque chose de très satisfaisant à voir se télescoper les différentes histoires dans le récit principal, ponctué par l’apparition du petit gosse chelou. Mais bon, on avait eu une grosse journée, et si ça se trouve la deuxième moitié du film est toute pourrite… et… ben on s’en fout, y avait des vampires, des loups-garous, des morts-vivants, des slashers et des légendes urbaines, tout ça en même pas une heure… Bref, je vous dirai ce que je pense de la fin dans un prochain post !
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