Andor et contre tout

Des fois, les titres “jeux de mot”, c’est un win, et des fois c’est celui-là.
Bref, j’ai terminé le visionnage de la série Andor, sortie l’année dernière (et dont la prochaine saison devrait arriver en août 2024, mais après les bouleversements récents, on ne peut jurer de rien).
J’avais regardé le début quand elle était sortie, et je n’avais pas poussé jusqu’au bout même si je lui trouvais déjà d’énormes qualités :
- une intrigue qui se concentre sur des personnages inédits à 100% (exception faite de Mon Mothma, mais vu le peu que l’on découvre d’elle ailleurs, on peut considérer que c’est ici que son personnage se dévoile pour la première fois ; et évidemment de Cassian Andor, un des protagonistes principaux de Rogue One ; d’autres interviennent par la suite) ;
- pas d’utilisation de Volume, et donc pas de plan complètement artificiel (même si les scènes de rue me semblent encore un poil… artificielles, justement : difficile de les voir autrement que comme des décors) ;
- une écriture maîtrisée, qui met l’accent sur le phénomène de résistance à l’Empire, tout en soulignant l’aspect malsain de ce dernier.
Je m’étais arrêté à l’épisode intitulé “La hache oublie” (une réplique formidable, prononcée par un personnage creusé, et dont on se souvient ensuite). J’imaginais que l’intrigue consisterait ensuite à suivre l’opération menée par Andor et ses complices contre l’Empire : les précédentes séries Star Wars m’avaient habitué à une intrigue étalée sur une saison, parfois à outrance (Kenobi et Boba Fett, oui, c’est de vous deux que je parle). Je n’avais plus de temps à consacrer à la série, mais je m’étais bien promis de la terminer quand j’en aurais l’occasion.
Récemment réconcilié avec les séries Star Wars grâce à Ahsoka, j’ai finalement pu regarder les six épisodes qui me manquaient. Ce sont les meilleurs, avec notamment un arc narratif carcéral que je ne peux qualifier que de magistral : tout le fonctionnement de l’Empire tient dans ces deux épisodes (ou trois ?) menés notamment par un Andy Serkis impeccable, parfaitement réalisés et conduisant à une conclusion extraordinaire.

J’ai adoré, et je me suis ensuite demandé pourquoi ça me plaisait tant.
Parce que je vais vous dire : Andor, ce n’est pas le Star Wars que j’aime. Mais alors pas du tout. Je trouve de belles qualités à Rogue One, dont il émane presque directement, mais c’est loin d’être mon film préféré dans cet univers : comme La Menace Fantôme (la comparaison fera sans doute grincer des dents mais je m’y tiens), j’aime en revoir des passages particuliers, mais j’ai du mal à mater le film entier d’un seul coup… Il y a dans les deux énormément de choses intéressantes par elles-mêmes, mais le mélange ne m’a jamais paru harmonieux ni réellement pertinent : tous ces aspects, une fois développés et examinés de près, sont fascinants (par exemple dans le roman Soulèvement rebelle, que j’ai traduit), mais on a l’impression qu’ils sont brassés au petit bonheur la chance et n’entrent jamais vraiment en synergie comme pouvaient le faire tous les éléments déconcertants (pour l’époque) du premier Star Wars.

Ce qui est amusant, c’est que ces deux films ont redéfini pas mal de choses et ont beaucoup apporté à la mythologie Star Wars, alors que ce qui leur manque à mes yeux, c’est justement l’aspect mythique. Expliquer la Force par la présence de midichloriens anéantit tout le mysticisme des Jedi, et éplucher la chronologie de l’obtention des plans de l’Etoile de la Mort (puisqu’il faut l’appeler ainsi désormais) n’était pas particulièrement nécessaire, si ce n’est pour rendre hommage à des personnages de l’ombre comme le commando dont Jyn Erso fait partie. Manque de bol, le film échoue (selon moi) à donner de l’épaisseur à ces personnages. C’est d’ailleurs dans ce domaine que la série Andor réussit beaucoup mieux.
On pourrait arguer du fait que sa durée (12 épisodes dont la durée varie d’une trentaine à une quarantaine de minutes si l’on retire le générique et les récaps) s’y prête davantage, et ce n’est sans doute pas faux. Des personnages comme Mon Mothma ou Vel nécessitent effectivement du temps pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Et c’est encore plus vrai pour Cassian Andor lui-même, personnage souvent quasi mutique, presque antipathique en début de série, et qui joue les antihéros d’un bout à l’autre. N’empêche, il est parfaitement campé par Diego Luna, et c’est par son regard de survivant forcené qu’on découvre tous les autres. Il semble parfois être le seul individu lucide au milieu de cette galerie de personnages que la situation rend fous d’une manière ou d’une autre, qu’il s’agisse de partir en roue libre porté par l’ambition, de se sacrifier entièrement pour une cause manifestement vouée à l’échec ou au contraire de la trahir par opportunisme ou par désespoir.
Et quel casting !

Chaque personnage est indispensable au déroulement du récit, mais aussi à l’une des thématiques de la série : la présentation des exactions de l’Empire, de son fonctionnement interne et de la façon pernicieuse dont il attire des individus persuadés d’être mus par une profonde fibre morale, au point de ne plus arriver à percevoir le caractère inhumain de leurs mobiles réels. De ce côté là, c’est impeccable de bout en bout.
La série brille aussi par son utilisation de l’univers Star Wars. Plutôt que de chercher à exploiter des motifs déjà présents dans d’autres récits de cet univers et à les expliciter (je pense à Kenobi qui semble n’avoir pour seul but que d’expliquer ce que dit le vieux Ben à Luke en lui affirmant que son père a été tué par Vador), elle saupoudre l’intrigue de quelques éléments connus (y compris dans son ultime scène post-générique) sans jouer la carte du fan-service à fond, et lorsqu’elle déploie des pans inédits de cet univers (la jeunesse d’Andor, ou un détail glaçant comme la méthode de torture de l’Empire), c’est sans s’y attarder lourdement, sans en faire son unique propos. Tout n’est qu’un décor pour le drame humain qu’est Andor : il pourrait aussi bien exister dans un autre univers, même s’il ressort particulièrement bien sur le fond qu’est celui de Star Wars.
Les dialogues sont exceptionnels (a fortiori pour un Star Wars, dont cet aspect n’est pas souvent le point fort), et lorsqu’un personnage prononce un discours, on peut s’attendre à du très très lourd, ou à des répliques qu’on n’oubliera jamais (“Everything !”, “one way out”). Pas de clin d’oeil toutefois (ou très peu), pas de longue randonnée sur des chemins maintes fois parcourus, juste un récit qui dérive souvent davantage vers la hard SF que vers le space opéra.
Bref, une série absolument indispensable… même si on n’aime pas Star Wars.
Elle m’a permis d’arriver à deux conclusions rigolotes, que je partage ici avec vous.
Tout d’abord, l’univers Star Wars est arrivé à maturité. Non pas parce qu’on peut y développer des intrigues “adultes” (même si Andor est celle qui aborde les thèmes les plus mûrs possibles), mais parce qu’il existe en soi, en tant que décor, au même titre, par exemple, qu’une véritable période historique. Par conséquent, on peut aussi bien s’en servir pour des récits d’aventures épiques (Ahsoka) que pour du western galactique (Le Mandalorien) ou des vieilles daubasses moisies du fion (Boba Fett… sorry, mec, mais ta série est toute pourrie, vraiment). Cela dit, ça fait un moment que ça dure (cf. les séries animées Droids ou Ewoks), mais j’ai l’impression qu’on arrive au point où il y a, vraiment, un univers Star Wars qui se prête à presque toutes les intrigues, à condition d’en prendre un peu soin (c’est le cas d’Ahsoka et d’Andor).
Deuxièmement… pour qu’un tel univers perdure, il faut que les récits qui s’y déroulent cessent de s’auto-cannibaliser. A force de développer des intrigues qui se composent de suites de références, de réponses à des questions que se posaient les auteurs et autrices durant leur adolescence au sujet des films, et de caméos… eh bien tout ce qui pourrait être nouveau et inédit finit noyé dans le fan-service et dans l’autosatisfaction. Ahsoka m’a énormément plu, mais combien de temps une telle série peut-être demeurer viable en ne tournant qu’autour d’intrigues déjà posées auparavant ? On ne peut pas non plus raconter cent fois la naissance de la Rébellion, ou alors il faut s’intéresser à UN moment précis et en extraire une démonstration efficace (c’est ce que fait Andor), pas rassembler sans cesse les mêmes références périmées pour tenter de faire du neuf avec.
Andor pose la question : “pourquoi résister à l’Empire quand on est un citoyen lambda de la galaxie ?” et la série y répond complètement, en passant en revue tout ce qui en fait un gouvernement effroyable à tous égards, et sans pour autant se contenter de scènes de violence physique. Toute la violence d’Andor réside dans la tension qui ne cesse de croître d’un bout à l’autre de la série, et sans se servir de phénomènes d’échelle (“si on détruisait une planète entière pour bien montrer que c’est des salauds ?”). J’y reviens encore, mais la méthode de torture employée dans la série est tout simplement incroyable : elle dit tout ce qu’il y a à dire de l’Empire, et ce, sans jamais rien montrer (et fuck le “show don’t tell” : la série procède aussi par ellipses, ce qui n’est pas le moindre de ses atouts).
Bref, voilà ce qui me passe par la tête quatre heures après avoir vu le dernier épisode, au terme duquel on a envie d’immédiatement prendre les armes contre l’Empire. Pour terminer, Andor fait dans la critique sociale (et rejoint en cela les tendances anti-autoritaires de Lucas dans Star Wars) et expose, au travers de deux discours, la nécessité de s’opposer à la tyrannie le plus tôt possible. La série ne se prive pas de recourir au thème du terrorisme, notamment en passant par le personnage de Saw Gerrera (qui brille ici, contrairement à son passage peu inspiré dans Rogue One, et manifeste toute sa folie). Tous ces thèmes se combinent avec brio dans les deux derniers épisodes, qui terminent un récit plein d’amertume mais où perce l’espoir. Et je ne vous cache pas que j’ai été particulièrement ému lors de ces deux épisodes, davantage que je ne l’ai jamais été dans aucun Star Wars.
Je ne vais pas attendre la saison 2 avec impatience : je sais quel risque on court si les décideurs se penchent un peu plus sur la série et décident d’en faire leur chose. D’après ce que l’on ma dit, Andor a été développée sans trop d’interventions de leur part, parce qu’ils n’y croyaient pas du tout. Je crains donc que la suite de la série ne souffre de cet auto-cannibalisme qui gâte une bonne partie des productions Star Wars, y compris les meilleures (les incessants caméo dans Le Mandalorien par exemple). En attendant, on a eu Andor, et ce petit bijou se suffit à lui seul. Et si la suite est du même tonneau, eh bien tant mieux !
Ahsoka – La série Star Wars de trop ?

Voilà un bout de temps que j’écume les séries Star Wars sans déplaisir, mais sans enthousiasme.
Le Mandalorien était une très bonne surprise : un peu western, un peu Star Wars, un peu Grogu, quasiment sans Jedi au début. La série s’est un peu cassé la gueule dans les escaliers au fil de son déroulement, déjà en perdant un de ses personnages inédits les plus intéressants (à cause des niaiseries de Gina Carano), et ensuite en errant du côté du livre de Boba Fett, complètement foireuse au point de consacrer deux épisodes à tout autre chose que son personnage principal et d’y inclure ce qui n’était en réalité qu’un couple d’épisodes du Mando. Meh…
Quant aux interventions de plus en plus marquées des Jedi, leur côté fan-service jouissif ne tient pas le second visionnage pour moi : j’ai beaucoup de mal avec l’intervention d’un certain Jedi en fin de deuxième saison. Oui c’est fun et jouissif, mais en revisionnant, eh ben… pas moyen de retrouver le petit frisson que j’ai systématiquement en me revoyant le duel des Jedi avec Maul ou celui de Luke avec Vado dans Le Retour du Jedi. Bref : c’était bien… mais il vaut mieux que j’évite de le revoir pour le moment. Cela dit, la troisième saison était la bonne pour moi : retour à des thèmes qui fonctionnent (malgré certaines grosses maladresses), une série qui se clôt plus ou moins, bref, pas un truc qui va me retourner le cerveau, mais du très très bon.
Et puis il y a eu Kenobi. Qui, contrairement au roman du même nom, parlait vraiment de Kenobi et de ce qui lui arrive sur Tatooine après avoir été employé dans une usine de traitement de poiscaille spatiale (si si). Alors on va pas se mentir : Kenobi, c’est un peu La Menace Fantôme des séries Star Wars. Tu t’extasies sur la course de pods et le duel final, mais autour, c’est bien naze. Les chorégraphies de combat sont médiocres (peut-être pas autant que celles de Boba Fett… oh, presque, quand même), et on a l’impression que la réa et la direction artistique ont été confiées à des criminels de l’image (on ne parlera pas de la poursuite en vespas multicolores). Un épisode final qui boucle des choses, qui explique sans doute davantage qu’il ne devrait, mais qui tente au moins de répondre à des questions, avec une confrontation McGregor/Christensen tout à fait louable. Bref, beaucoup de mauvais, un peu de bon, et au moins un tout petit peu de très bon. Je ne crache pas dans la soupe.
Andor, Rogue One, même combat. Une vraie vision différente de l’univers Star Wars par le petit bout de la lorgnette. Je n’ai pas encore fini le visionnage, mais on a là quelque chose de brut, avec des personnages à vif tout le temps. Le tout m’a énormément rappelé l’excellent Battlefront II – L’Escouade Inferno, que j’ai eu l’honneur et le privilège de traduire, et qui compte parmi mes romans Star Wars préférés. Très brut, il cherche à éviter le manichéisme et à proposer une autre lecture de l’univers Star Wars, avec une approche réaliste. Il part parfois très loin, mais c’était pour moi une des meilleures tentatives du genre, avec des personnages mémorables et un vrai crève-coeur en fin d’ouvrage. Andor vient longer ces rivages et proposer un univers Star Wars tout en angoisse et en tension, en escamotant le côté space-opera au profit du véritable film de guerre et de résistance. Plutôt futé et excellemment bien foutu (sur les premiers épisodes en tout cas).
Je viens de terminer Ahsoka, et la question que je me posais, c’était : est-ce que c’est la série de trop ?

Ahsoka n’est pas mon personnage préféré dans Star Wars. J’ai vu une partie de la série Clone Wars avec plaisir, et j’ai survolé Rebels. A l’époque, et aujourd’hui encore, ce sont les plus fidèles à l’aspect “serial” de l’univers SW, et pour cause, tout est organisé sous cet angle : les péripéties, les cliffhangers, le grand écart entre l’échelle humaine et la très très grande échelle, le commentateur qui ouvre chaque épisode… Bref, c’est quand même très bien foutu même si on n’adhère pas au côté “animation” (sans être réfractaire, je reconnais que ce n’est pas ce que je préfère).
L’intervention d’Ahsoka dans Le Mandalorien était un très beau cadeau pour les fans… mais uniquement pour eux, selon moi. Difficile de s’attacher à elle dans cette petite vignette assez brève de la série, a fortiori quand on ne l’est pas déjà.
Je n’étais donc pas particulièrement enthousiaste à l’idée de la revoir, mais bon…
Et là, grosse surprise : c’est bien. Très bien, même. Il FAUT connaître un certain nombre d’événements pour adhérer à tout ça, mais au bout du compte, ça se limite à ceci :
- Ahsoka était Padawan d’Anakin Skywalker et s’est détachée de l’ordre Jedi pendant la Guerre des Clones;
- Elle a croisé la route d’une bande de rebelles qui ont participé, sous l’Empire, à la naissance de la Rébellion. Parmi eux se trouvaient le Jedi Kanan Jarrus, qui y laissa la vie, son Padawan Ezra Bridger, la Mandalorienne Sabine Wren et la Twi’lek Hera Syndulla (compagne de Jarrus). Le groupe comptait aussi le Lasat Zeb Orrelios, mais il coûtait sans doute un poil trop cher en SFX pour apparaître durablement dans Ahsoka donc… (Y a aussi un petit droïde têtu du nom de Chopper).
- Lors d’une bataille mémorable, Ezra Bridger disparut avec un haut officier de l’Empire du nom de Grand Amiral Thrawn. C’est à ce prix que la bataille fut remportée (je schématise).
- Ce petit groupe a éclaté après la défaite de l’Empire.
Bon, ça fait quand même des trucs à savoir.

Et alors, qu’est-ce que j’en pense ?
Eh ben j’ai adoré. Pour une raison spécifique : j’ai trouvé là le mélange parfait d’éléments que j’aime dans Star Wars.
- Des Jedi… mais pas trop de Jedi. Ils sont là, ils font des trucs de Jedi et l’univers tourne un peu autour d’eux… mais pas que. Le personnage de Sabine Wren est clairement là pour nous le rappeler : c’est une Jedi… mais une Mandalorienne avant tout, et une personne avant d’être une étiquette. Cool.
- La musique : petites touches rappelant les thèmes au BON moment. Je reste toujours largement plus attaché à ce que fait John Williams… mais c’était bien, je ne me suis pas senti floué (ce que m’avait fait Rogue One alors que la musique y est plutôt pas mal).
- Les chorés de combat : nickel. Pas envie de me fader des poursuites au ralenti ou des bastons à rallonge mal montées. Là c’était pile poil ce que j’aime.
- Les personnages : des persos inédits bien exploités : le droïde Huyang (un de ceux qui m’ont le plus intéressé, avec des réactions souvent surprenantes mais logiques), l’ancien Jedi Baylan Skoll (dont je découvrais l’interprète, qui était absolument parfait, monolithique mais profondément humain… quelle perte !) et son apprentie Shin Hati (qui n’est pas officiellement Padawan comme l’explique une de leurs dernières conversations, mais qui entretient avec lui une relation de maître à disciple très particulière), Morgan Elsbeth, Thrawn en chair et en os (je l’ai adoré).
- … et des personnages existants bien campés par les actrices et acteurs : Ahsoka est impeccable, Sabine incarne le doute et la tristesse… et je vous laisse redécouvrir les autres sans spoiler.
- Une bonne réa : l’intrigue prend le temps du premier épisode pour se poser efficacement, sans sauter les étapes, puis elle avance au rythme du sérial en s’arrêtant chaque fois en cliffhanger. Chaque épisode compte son lot d’affrontements, de rebondissements, le tout extrêmement bien rythmé.
- Ca y est, ils ont compris comment utiliser Volume. La technologie inaugurée dans le Mandalorien constitue pour moi une des plus grosses maladresses qui plombent la réalisation des autres séries : des paysages virtuels entourant une “scène” où évolue une poignée d’acteurs filmés comme sur un plateau d’AB production, avec trois figurants qui se battent en duel pour donner une impression de foule… C’est atrocement évident dans le dernier épisode de Boba Fett, qui m’a fait pleurer des larmes de sang. Ici… eh bien ça fonctionne plutôt pas mal (Andor évite cet écueil aussi, en tout cas pour ce que j’en ai vu). Ca pourrait pas trop mal vieillir, d’autant que la réal ne s’attarde pas sur les “plans grandioses”.
- L’attention aux détails. Gros gros kiff pour les armures des stormtroopers réparées façon kintsugi, et pour les rubans rouges de certaines (d’autant que le détail a un sens qui apparaît à la fin). Le casque d’Enoch est surprenant, voire grotesque… et puis on se met à réfléchir en songeant à tous les autres et… Le costume de Thrawn a été recousu. Merci la qualité d’image d’aujourd’hui : ce détail serait passé à l’as jadis sur nos VHS, mais il m’a paru tellement plein de sens concernant la déliquescence de l’Empire et le personnage de Thrawn !
- Les sorcières de Dathomir. Ce que j’aime, dans Star Wars, ce sont ces moments où, derrière la technologie, apparaît la marque de la fantasy. L’arbre du côté obscur dans L’Empire, l’Empereur lui-même dans Le Retour du Jedi, etc. Les forces obscures se manifestent sans trop en dévoiler, et ne peuvent rester dangereuses qu’en demeurant inconnues et inconnaissables. C’est très réussi ici (pour moi).
- La Force. J’avoue que les tentatives d’explication de la Force, aussi fun et louables soient-elles, me gonflent un peu. C’est un peu l’équivalent, pour moi, de “qui c’est le plus fort, Superman ou Mighty Mouse ?” Une question qui casse l’univers, ou au moins qui lui apporte bien moins qu’elle ne lui retire. Ici, la Force reste mystérieuse. Il n’est pas question de l’explorer, puisque le récit ne repose pas sur l’énigme qu’elle représente : ce mystère fait partie de l’univers, qui l’accepte comme tel. Résoudre le mystère, c’est refermer la porte de cet univers et devoir passer à autre chose… C’est à mes yeux un des trois péchés capitaux en terme de narration (expliquer l’inexplicable sur lequel repose le monde du récit, les deux autres péchés étant le recours au voyage dans le temps qui boucle sans se soucier des paradoxes, et l’utilisation des “multivers” pour enrichir de manière factice l’intrigue depuis l’extérieur en oubliant que l’important se produit à toute petite échelle).
Au nombre des “j’aime pas” :
- Les lentilles colorées. Elles sont pas mal foutues, mais ce serait cool, par exemple, d’avoir un jeu de lentilles avec pupille dilatée pour les environnements sombres, et avec pupille contractée pour les scènes en lumière (c’est là que cet effet saute vraiment aux yeux, sans mauvaise blague).
- C’est tout. Vraiment. Vous voyez que c’est vraiment de l’ordre du chipotage.
Ahsoka m’a séduit par son aspect humain bien fichu, son thème déjà exploité dans tous les sens (la relation de maître à disciple) mais parfaitement souligné et exploré ici, et un chouette casting de personnages forts et bien dessinés.
Je ne sais pas si j’apprécierai de revoir la série : son aspect serial repose sur les rebondissements et les surprises. Je vous dirai ça (ou pas) dans quelques années. Mais Ahsoka m’a ramené à ce que j’aime dans Star Wars. Mon opinion a un peu changé vis à vis des autres séries SW depuis que je les ai vues, donc… tout peut arriver. Mais j’ai passé le meilleur moment Star Wars depuis très longtemps avec cette série, qui m’a ramené à ce que j’aimais dans l’univers d’origine : le côté serial à l’ancienne, l’exploration de planètes inconnues, les nombreux rebondissements, et l’amitié qui triomphe toujours (eh ouais, je suis fan de ce truc-là, ça compte pour moi).
Ca m’a tellement plu que je rejouerais bien à Star Wars RPG. Bon, pas celui de WEG parce que j’ai jamais aimé le D6. Et pas vraiment celui de FFG qui s’est considérablement alourdi. Bah, je vais bien trouver un truc !
Enfin bref : je recommande vigoureusement Ahsoka, mais pour en profiter, renseignez-vous sur l’histoire de ses personnages (rien ne vous oblige à voir Clone Wars et Rebels : la consultation vite fait d’une petite encyclo Star Wars à partir des entrées Ahsoka et Purrgil devrait vous apprendre tout ce qu’il y a à savoir) !
Starfield – Episode 2, suite de ma reuviou

Après une grosse partie de Starfield because jour de repos, je peux le dire : j’aime le jeu et je le considère pourtant comme un jeu fainéant. Ou plutôt, un jeu où l’effort n’a pas entièrement porté sur les bons aspects.
C’est difficile de décrypter pourquoi un jeu ne “fonctionne pas réellement”, alors qu’on arrive à s’amuser avec.
J’ai quand même trouvé UNE clef de décryptage, justement en déverrouillant un coffre avec une clef (enfin, un machin, là, j’ai oublié le nom).
L’univers de Starfield ne me met pas dans une situation “science-fictionnelle”. Certes, j’évolue dans une grande ville pleine de gratte-ciels élégants, puis à bord d’un vaisseau spatial, en maniant des armes futuristes… mais au bout du compte, je passe mon temps à déverrouiller des coffres avec un petit jeu d’astuce, à combattre de gros monstres et des bandits, à transporter un sac depuis le PNJ A jusqu’au PNJ B. Tout ça sous un vernis de SF somptueux, certes…
Mais hier, ça m’a fait un choc : j’étais dans une base, avec plein de méchants spatiards (très bon terme pour traduire “spacer”, c’est un des bons aspects d’une trad en demi-teinte, capable du meilleur comme du… ben pas du pire, mais du carrément moins bon), et je me suis dit : “bon ben comment je peux les bloquer, tactiquement, est-ce que je peux manipuler les consoles pour bloquer des issues ?”
Non.
“Est-ce que je peux libérer ce gros machin sur une grue pour qu’il leur tombe dessus ?”
Non plus.
“Est-ce que je peux dépressuriser un compartiment pour que…”
Non, je te dis.
En fait, je pouvais leur tomber sur le râble avec des mines ou avec ma pétoire.
Eeeeeeet… ben ça m’a embêté. Le jeu ne me donne pas le choix des stratégies, et reste campé sur ses acquis jeuderôlistiques : exploration du paysage, scène de discussion, mission, baston. Parfois de manière répétitive. Très.
Baldur’s Gate 3 (désolé de toujours comparer, mais on a deux jeux sortis dans la même période et qui explorent tous deux le RPG sous des angles certes différents, mais au bout du compte assez complémentaires) propose tellement d’options pour résoudre les situations ! Et ce sont des options réellement différentes !
L’univers SF de Starfield ne me propose jamais de résolution “SF”. Certes je fais des choix (qui ne m’ont pas l’air de s’étoffer alors que je fais grimper ma compétence Persuasion à donf’… c’était plus fun dans Fallout et Cie, où on voyait les nouvelles options octroyées par la compétence apparaître…), mais ils tombent toujours à plat, et je n’ai même pas l’illusion d’une véritable décision (comme dans BG3… où cette illusion est quand même très réussie, et où certains choix débouchent réellement sur de grosses différences).
Avec tout son univers de mille planètes, Starfield ne me donne pas autant l’impression d’un JDR que le prélude de BG avec sa toute petite zone… C’est assez frustrant. Je me contente de “résoudre” les situations à coups de grenades (ça marche bien), mais plus j’avance, plus j’ai affaire à un jeu de tir dont j’entrevois difficilement les évolutions tactiques (je sens que je vais tirer plus fort et plus précis… mais ça va se limiter à ça). Seule rédemption : la science et la fabrication de potions… euh, de médicaments qui vont améliorer mes chances dans certains domaines.
Et malgré toutes ces récriminations, je me suis beaucoup amusé ! (sauf pendant certains combats spatiaux ultrafrustrants où les adversaires me vaporisaient en attaque frontale à quatre sans que j’aie le temps ne serait-ce que de dévier ma trajectoire). Le jeu est quand même fun, il propose un univers cohérent (bien que vu et revu cent fois), et si ce genre d’atmosphère est votre came, vous allez sans doute adorer. Mais comme de mon côté, il me faut un peu plus pour entrer dans la sf semi-hard (la demi-molle science fictionnelle ?), le jeu est assez anecdotique. Je sais que d’ici quelques dizaines d’heures (voire bien avant, tel que c’est parti, car la découverte de nouvelles planètes ne m’a vraiment pas procuré l’effet waou), je vais passer à Sea of Stars ou à un autre jeu du Game Pass.
Mais si ça se trouve, je vais être super agréablement surpris avant ! Starfield reste assez bon, et assez spectaculaire, pour que j’aie envie d’y refaire un petit tour ! Mais en attendant, j’ai trouvé la raison pour laquelle j’avais tant de mal à m’impliquer : sous son vernis SF, Starfield conserve vraiment ses mécaniques de fantasy habituelles (ça fonctionnait très bien dans Fallout, le postapo et la fantasy ayant énormément en commun à mes yeux) sans rien ajouter de réellement SF (excepté les combats spatiaux… meh, et encore…) !
Starfield, premières heures de jeu

J’ai commencé récemment à jouer à Starfield, “gratuit” sur le Game Pass, ce qui est une bien bonne chose. J’ai eu l’occasion de tester davantage le jeu ce weeek-end, et voilà où j’en suis.
Après avoir fait un certain nombre de missions, adhéré à Constellation et être devenu membre et citoyen de l’UC (la grosse fédération “de base”), j’ai découvert un peu plus l’univers de Starfield.
Et…. bah c’est pas ce qui va vous retourner le cerveau, entendez : plus classique tu meurs. Mass Effect prenait déjà beaucoup plus de gros risques, et l’univers de Starfield paraît vraiment un peu trop propre (en tout cas en début de partie). Certes, il y a quelques chouettes rebondissements liés à l’histoire, très cohérente, de l’univers de jeu (je parle d’une certaine clone et de son “papa”), mais rien qui vous retourne le cerveau.
Les dialogues en particulier sont assez furieusement décevant jusqu’ici. On a presque systématiquement :
1 – L’option normale : je réponds bien poliment et je suis Captain Ethique de Travail.
2 – Bon, d’accord, je vais la faire ta mission, mais *insérer ici commentaire sarcastique*.
3 – Je te pisse à la raie, hi hi hi, comme je suis trop un trickster de l’espace (option 2 : et combien je reçois de thune pour ça ?).
Bref : les dialogues plus originaux et lourds de conséquence de Mass Effect (ou plus récemment de Baldur’s Gate 3, dans un tout autre registre) me manquent un peu, mais c’est déjà l’impression que je ressentais en jouant à Skyrim : c’est beau, c’est vaste, mais punaise comme j’ai l’impression d’avoir déjà vu ça trouzmillions de fois.
L’interface… ça s’arrange. Après quelques heures d’acclimatations, on trouve enfin ses marques et on commence à jongler un peu avec l’inventaire. A côté de ça, l’exploration en pâtit : jusqu’ici, j’ai surtout l’impression de sauter d’une quête à l’autre avec le bouton X histoire de ne pas jouer à un simple walking simulator (parce que PUNAISE COMMENT C’EST CHIANT DE MARCHER DANS NEW ATLANTIS).
Les trajets à pied dans l’environnement urbain sont vraiment longs et pénibles, et on n’y croise pas grand-chose de mémorable. Pour tout dire, Starfield souffre de la comparaison avec Cyberpunk 2077 (eh ouais !) qui offrait un paysage mémorable, capable de raconter quelque chose. Ici, on a tôt fait de faire le tour des quelques dizaines d’affiches placardées dans la ville, et son côté grandiose a du mal à dissimuler sa vacuité.
Les combats sont toujours aussi sympas, avec une bonne impression de soutien de la part du PNJ qui vous accompagne : on prend en tenaille, on contourne, on distrait… bref, ça marche vraiment pas mal. A côté de ça, j’ai tenté la première option “flirt” du jeu avec un PNJ et… boudiou que c’était nunuche. Les PNJ de Baldur’s Gate sont apparemment bourrés d’hormones, mais ceux de Starfield, je dirais que c’est sans doute des somnifères. J’en suis à me dire : ok, il faut que je fasse la romance parce que ça rapporte des avantages mécaniques. Autant vous dire que l’immersion en prend un coup.
Les missions… bah au début c’est pas ça, mais alors PAS CA DU TOUT. Les fetch quests dispensables s’enchaînent, avec visite de grands locaux vides : aller parler au responsable de telle entité politique, obtenir son autorisation, aller parler à l’autre responsable dans un autre bâtiment/une autre planète, obtenir le McGuffin du jour, le rapporter aux autorités, obtenir le droit d’aller sur une autre planète l’insérer dans un lecteur… pfouuuuuuuuuuuuuuuuuu… C’est furieusement dépassé, la montée de tension des enjeux est léthargique… Bref, bof.
Concluture pour le moment : c’est pas si mal, Starfield. Plus j’avance, plus je trouve le jeu daté, à tous égards. Certes, la mécanique de combat tient le coup, mais je la trouve malgré tout un peu “molle” parfois, un peu désincarnée (je ne sais pas comment expliquer ça, mais ça me rappelle un peu Half-Life 2, où j’avais eu l’impression que le moteur de jeu, formidable pour la gestion physique, aboutissait malgré tout à une impression de personnage en chiffon, pas ancré au sol mais rebondissant comme un ballon : ici c’est normal sur certaines planètes, mais pas toujours…). Rien de nouveau sous le soleil.
Les PNJ sont plus beaux que naguère, mais ils conservent cette fixité à laquelle on était habitué dans Fallout et Skyrim. Pas forcément gênant, mais quand on voit Baldur’s Gate et ses persos particulièrement expressifs, la différence pique un peu : Baldur tente une vraie immersion, tandis que Starfield vous donne l’impression de circuler parmi des mannequins. De jolis mannequins, chez qui on saisit parfois une expression authentique… mais des mannequins.
Les quêtes et leur articulation (qui fait qu’on finit vite par se replier sur l’interface de mission pour sauter d’un endroit à l’autre le plus vite possible une fois qu’ils sont explorés) accusent leur âge. Elles présentent toutefois l’intérêt de dévoiler peu à peu l’univers, mais leur côté didactique l’emporte largement sur le développement des enjeux et de la tension : à aucun moment je ne me suis senti personnellement motivé pour sauver tel ou tel perso, ou m’impliquer personnellement, et les dialogues complètement plats n’y sont sans doute pas pour rien. Pas de véritable dilemme, pas de choix éthique ou philosophique, au point que vous pouvez poser une question du genre : “être citoyen de l’UC m’empêche-t-il d’adopter d’autres citoyennetés ?”, et on vous répond “non”. Dans un univers où les trois grosses factions sont censées s’être livré des décennies de guerre et se trouver dans une situation de guerre froide. Ca a fait claquer douloureusement mes bretelles de suspension d’incrédulité.
Pour autant, Starfield n’est pas mauvais : visuellement splendide, apparemment vaste (même si je commence à voir les façades en carton-pâte et si l’illusion aura duré vraiment trop peu de temps, contrairement à celle de BG3), il propose une aventure spatiale originale, orientée hard-SF et lorgnant davantage vers des univers comme celui d’Alien que celui, plus coloré, de Mass Effect. Et pourtant je préfère ce dernier, dans ce qu’il offrait d’original et de novateur pour son époque.
Starfield est un excellent plat réalisé avec une recette convenue mais classique, avec beaucoup de charme. Il me fait le même effet que Skyrim en son temps : j’avais speedé pour le finir au bout d’un moment, parce que je m’ennuyais ferme. Ce n’est pas un jugement de valeur : les jeux de la série Assassin’s Creed et Far Cry comptent parmi mes préférés alors qu’il n’y a sans doute pas plus répétitif et étiré que ça. Pour Starfield, j’attendais une expérience un peu plus profonde, et qui ne s’appuie pas tant sur ma capacité d’immersion pour fonctionner. Je ne suis pas déçu, ça reste un grand jeu, mais il ne va certainement pas changer la face du monde ludique à mes yeux !

Sandy Julien
Traducteur indépendant
Works in Progress
- Secret World Domination Project #1 44%