Emouvante histoire que cette improbable amitié entre une petite fille et un monstre préhistorique de 25 m de long. Non, je déconne, il essaie de la bouffer.

Vacances, c’est aussi ciné. Et ciné 4DX pour se décoller la pulpe du fond.

Note : les salles 4DX sont ces salles où vous avez droit au film en 3D avec des sièges qui vous secouent vigoureusement, et des petites buses qui vous crachotent de l’eau ou de l’air à la figure quand il pleut ou que le Tyrannosaure éternue. 

 

The Meg (alias… “En eaux troubles” en VF… euh… ah bon…), déjà. Bon, j’aime les flimes de grorequin. Le grorequin est un animal qui consacre 90% de son temps à manger des gens et de gros véhicules, les 10% qui restent lui permettant de rôder juste sous la surface avec un aileron menaçant qui dépasse.
Première déception de The Meg : la chirurgie esthétique a effectivement eu des effets malheureux sur Meg Ryan, méconnaissable dans le rôle-titre.
Deuxième déception : le scénario est là, mais pinaise, les péripéties sont complètement connes, du début à la fin (on est soulagé quand les personnages meurent). Bref, c’est pas Lédandlamaire, qui est le meilleur flime de grorequin, et le meilleur flime de ciména tout court.
Trois… ah ben non, plus de déception. Il y a un mégalodon (enfin… je vous spoile pas), des véhicules sous-marins splendides, des baigneurs qui se font manger, et un petit chien qui nage. Les personnages sont formidablement stupides, comme il se doit, et passent leur temps à faire trempette à côté du monstre en poussant de petits piaillements rigolos jusqu’à ce que croutch, plus de piaillements.

Evidemment, tout ça est calibré pour la 4DX : ce film a la palme des jump-scares (voire les triple-salto-je-me rattrape à l’accoudoir-scares), la plupart étant aussi inévitables et surprenants que téléphonés (c’est paradoxal mais c’est comme ça). Venez en slip de bain, on se fait copieusement arroser, aussi.

C’était un pur moment de spectacle, avec des dialogues complètement tartes, des plans de protagonistes merdiques et un héros complètement con, mais j’y retournerais avec plaisir tant je me suis amusé. Le grorequin est génial, il bouffe des tas de trucs, il y a de vrais bons moments de tension stressants. Je ne suis pas sûr que ce soit aussi fun sans les trémulations de la 4DX, mais je recommande aux amateurs de flimes de grorequins.

 
Mission Impossible 387 – Fallout : alors là j’ai kiffé, mais grave.

Meilleure utilisation de la 4DX ever : moi qui déteste les poursuites en voiture, je voulais ne plus voir que ça dans le film. Et en plus, pendant que le siège me secouait comme un prunier, j’ai compris un truc essentiel.
Pourquoi est-ce que les films d’espionnage me font chier ?
Même James Bond, hein.

Dès le début du film, quand on m’explique que Karl Uglyterroristface est un ancien membre du GRUTCBLU qui a sévi en Ouzbékistan au sein d’un groupe extrémiste néo-nazi et qui menace le marché des aubergines en posant des bombes dans les champs, mon intérêt décroche comme un hélico en chute libre (il y en a plusieurs dans le film et c’est autrement plus rigolo quand c’est pas une métaphore).

 

Donc : pourquoi ?

Eh bien c’est simple. Vous connaissez la règle “show, don’t tell”, j’imagine ? C’est ce qu’on enseigne aux scénaristes de cinéma : il faut montrer les choses, les actions, les émotions, pas simplement les raconter, en parler. On n’est pas au théâtre où Iago entre en scène en disant : “Messire, je crains que Godzilla n’ait dévasté Tokyo, il y avait des immeubles qui s’écroulaient et le monstre faisait grou-grou de la bouche en projetant moult rayons radioactifs.” (J’ai tendance à un peu mélanger les oeuvres mais m’interrompez pas tout le temps.)

Eh bien les films d’espionnage sont les films qui se torchent systématiquement avec cette règle. On a immédiatement droit à ces biographies de terroristes et/ou d’agents, qu’on vous raconte parfois avec de petits montages photo, ou des projections de diapos.

 

Des projections. De. Diapos.

 

Connaissez-vous plus chiant, plus traumatique, qu’une projection de diapos (si vous avez vécu ne serait-ce qu’un cours d’histoire ou de biologie dans les années 80, vous avez sans doute subi des années de thérapie pour vous en remettre) ? Ce sont des images fixes sur lesquelles vous êtes censé vous focaliser pour vous divertir pendant qu’on vous raconte un truc chiant. “Et vous voyez, là, eh ben c’est le fucus vésiculeux, une algue qui…”

Bref. C’est super chiant. C’est le contraire de l’entertainment. C’est un film d’espionnage. C’est 10 minutes dans Mission Impossible. Les scénaristes de la série avaient trouvé un truc rigolo pour faire passer cette scène d’exposition chiantissime (parce que c’est de ça qu’il s’agit : d’une scène d’exposition foirée au max) : quand le héros reçoit sa mission, il y a toujours un petit dispositif qui lui pète à la gueule une fois le message transmis (enfin… non, en fait ça ne lui pète pas à la gueule, mais j’ai toujours nourri le secret espoir que le mec qui fait la bande magnétique et le petit pétard se soit gouré dans le timing et qu’en plein milieu de l’énoncé, genre à “et SURTOUT, monsieur Phelps, SURTOUT, n’oubliez pas de…”, le machin se déclenche un peu trop tôt et que l’acteur se retrouve avec de la suie sur la tronche et la coupe de Desireless). C’est marrant, ça capte immédiatement l’attention… mais malheureusement, c’est pour nous enfourner dans le gosier l’amère pilule de l’exposition d’espionnage merdique.

Je connais des gens qui adorent ça. Voir des photos, des documents et des cartes, ça leur donne peut-être un sentiment d’ancrage dans la réalité (encore une composante essentielle du film d’espionnage). Mais moi, immédiatement, je décroche. Et les moments pseudo-émouvants du film ne passent pas du tout, justement parce que tout est bâti de la sorte : d’une façon lourdingue, maladroite, avec des flashbacks-rêves un peu moisis… Le héros a beau être torturé par… euh… je dirais une espèce de remords, je sais pas trop… eh bien la charge émotionnelle ne passe pas du tout, noyée dans l’intrigue à grande échelle…

Bref, question scénario, j’ai trouvé Mission Impossible aussi chiant que tous les autres films d’espionnage, donc si vous aimez le genre, il y a des chances pour que ça vous plaise.

Là où ça a marché, pour moi, c’est dans les séquences d’action, avec des chorégraphies de baston et de poursuites géniales, complètement WTF, et extrêmement bien adaptées au ciné 4DX. Je dirais presque que pour avoir une idée de ce que la 4DX apporte à un film, vous avez là l’exemple parfait. Je pense que je me serais beaucoup ennuyé devant MI Fallout si je l’avais vu dans une salle ordinaire, et encore plus devant un écran de télé, mais là, c’était un vrai moment de fête foraine, du fun de gamin (se retrouver à bord d’une voiture, à moto, en hélico avec les vibrations et tous les engins qui explosent dans tous les sens, c’est vraiment hilarant : on se prend à rêver d’un tel dispositif pour des jeux vidéo un peu agités).

Bref, concluture. J’aime bien la 4DX, qui permet d’apprécier à fond des flimes pas forcément géniaux mais sympa, en leur ajoutant une sorte d’effet ‘Barnum’. Essayez une fois si vous ne tenez pas trop à vos vertèbres (mais choisissez bien votre film : par exemple, sur Deadpool2, la 4DX était quasiment anecdotique…).