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Ça y est (ha ha ha… non, je vais arrêter, et on va pas faire de blagues chaque fois que le mot « ça » intervient dans le texte), j’ai vu le second chapitre de Ça d’Andy Muschietti d’après l’œuvre de Stephen King. Alors ?

Bah alors c’est bien

J’avais beaucoup aimé le premier volet, qui replaçait très intelligemment l’intrigue dans les années 1980 plutôt que 1960, et qui devait donc adapter un certain nombre d’éléments de l’intrigue en conséquence. Le scénario, bien fichu, fonctionnait très bien, en particulier grâce à un casting impeccable qui, à mes yeux, éclipsait complètement celui de la première adaptation du roman, un téléfilm en deux parties avec Tim Curry (excellent dans le rôle de Grippe-sou le clown). Dans ce fameux téléfilm – qui s’en tirait honorablement malgré une fin euh… ben une fin aux effets spéciaux un peu fauchés, qui soufflaient un petit peu le caractère horrifique du truc –, le casting adulte fonctionnait à mon avis bien mieux que celui des enfants, vraiment en retrait.

Eh bien ici, c’est un peu l’inverse. Attention, je vais spoiler, donc il vaut mieux vous abstenir de lire ceci si vous souhaitez conserver la surprise.

Au début du film, nous assistons aux scènes qui ouvraient le roman de Stephen King : le premier meurtre, à caractère homophobe, est d’ailleurs particulièrement glaçant (et rappelle une réalité qui n’a peut-être pas autant changé qu’on le souhaiterait par rapport à l’époque de la sortie du livre… c’est-à-dire en 1986), et lui succèdent de petites scènes présentant les ratés adultes, menés par James McAvoy, qui joue désormais dans tous les films, partout, tout le temps. McAvoy est bon, et le reste du casting adulte aussi, du moins lors de ces scènes isolées.

Mais lorsque les ratés se réunissent, on a une drôle d’impression : l’alchimie entre les acteurs n’est pas là, ça ne fonctionne qu’à moitié. Je ne vous cache pas que la scène du restau chinois m’a vraiment fait peur, non pas à cause des bestioles, mais parce que les relations entre les personnages semblaient forcées, artificielles. Est-ce un parti-pris délibéré, visant à nous faire comprendre que ces adultes ne sont plus les enfants liés « à la vie, à la mort » que nous avions suivis dans le premier volet ? Je vous avoue qu’il me faudra sans doute un deuxième visionnage pour en juger, et surtout un visionnage en VO. La VF du premier volet était réussie, mais j’ai eu énormément de mal avec la voix française de Richie Tozier, interprété par Bill Hader, qui sonne comme un doublage de sitcom. Quoi qu’il en soit, d’innombrables petits détails m’ont sorti du film, au point que je m’attendais à une expérience un peu gâchée.

Et puis… et puis il y a eu les flashbacks. Le 2e volet comprend énormément de scènes du passé, avec les enfants du premier, et lorsque le lien s’établit entre eux et les adultes, lorsqu’il y a réellement passation de pouvoir entre les générations, quelque chose de très fort se produit. Les jeunes acteurs portent réellement le film, leurs versions adultes n’étant que le prolongement de ce qu’ils étaient, sans doute pour nous amener à cet amer constat que l’âge adulte, en nous faisant perdre nos illusions, nous arrache également ce qui fait notre force, en particulier dans notre relation franche à l’autre et dans nos amitiés. Le va et vient entre les deux époques est très efficacement mené, et on a plaisir à voir désormais dans les acteurs adultes l’écho de ce qu’étaient leurs personnages enfants. On se rend compte, au passage, d’une autre qualité formidable du casting : à l’exception de McAvoy, les acteurs adultes ressemblent beaucoup aux enfants (c’est frappant pour Eddie).

Au fil du récit, une vraie émotion s’installe, même si le réalisateur insiste – peut-être un peu trop souvent – pour la tempérer par des traits d’humour : le caméo de King, les échanges entre Eddie et Richie, les références très méta aux adaptations des romans de King à l’écran… Heureusement, les séquences d’horreur sont assez choquantes et bien menées pour que ces passages drôles (voire hilarants) ne sapent pas la substance du film. Le scénario est encore une fois très bien adapté (même s’il zappe énormément de choses, notamment concernant les conjoints de Bev et de Bill), avec toutefois un énorme changement, la révélation de l’homosexualité cachée de Richie : j’ai beaucoup aimé ce détail, amené intelligemment, et qui ajoute beaucoup d’émotion à la fin du film.

Oui, j’écris émotions toutes les deux phrases. Parce que le film m’a énormément ému.

Ça, le roman, c’est quelque chose qui a énormément compté dans ma vie. C’est un livre qui m’a beaucoup marqué, que j’ai lu et relu, que j’ai fini par lire en anglais, puis par relire, puis par re-relire. J’avais la chance d’avoir des amis qui étaient eux aussi fans de King, et nous parlions de Beverly, de Ben et de Bill comme s’il s’agissait d’amis que nous côtoyions tous les jours et non de simples personnages fictifs. Ils ont pris, à cette époque, une importance immense dans mon paysage littéraire et culturel. Lorsque j’ai vu Paul Bunyan à l’écran, ou les friches, ou Mme Kersh, eh bien tout ça résonnait dans ma mémoire.

Ca fait un peu plus de 27 ans que j’ai lu Ça pour la première fois, mais je me suis clairement identifié aux personnages adultes du film. Pour moi, ça fait 33 ans. On n’est pas à six ans près. Il y a 33 ans, moi aussi j’affrontais Grippe-sou pour la première fois, et même si j’étais déjà plus âgé que le club des ratés des friches de Derry, je m’identifiais à eux. 33 ans après, j’ai vécu ce que la vie nous réserve à tous dans l’intervalle où nous devenons adultes : traverser des moments difficiles, survivre, grandir… Des trucs évidents. Des trucs d’adulte.

Quand j’ai lu Ca pour la première fois, j’étais encore un gosse, et il y a plein de choses qui m’échappaient. Mais retourner à Derry, après toutes ces années, m’a vraiment remué. À cet égard, le film est à mes yeux une immense réussite. Ca ne m’empêchera pas de relire le bouquin, encore une fois, évidemment.
Et de remercier Muschietti, ses acteurs (Skarsgard notamment) et son équipe de m’avoir fait faire ce beau voyage en Nostalgie. Bref, j’ai beaucoup aimé ces deux films, et j’ai hâte de les revoir d’une traite lorsque le second sortira en blouret (que j’écris comme je veux, na).

Bon, sinon, je lis beaucoup de JDR en ce moment, et en particulier des rétroclones (ce qui ne va pas forcément vous parler). Et j’ai très envie de vous parler sous peu de l’excellentissime « Les Carnets du Vastemonde » de John Grümph édité chez Chibi (qu’on trouve sur Lulu). Je n’ai pas le temps de m’étendre sur le sujet pour le moment, mais c’est le meilleur univers de high fantasy que j’aie lu depuis longtemps, alors que j’en avais un peu marre de ce genre. Je ne peux que vous recommander de vous jeter dessus, mais je vous dirai pourquoi bientôt si vous ne me croyez pas sur parole !