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Pierre Parker dans ses oeuvres

Avant la sainte trinité de Goldorak, Albator et Ulysse 31, mon premier dessin animé coup de coeur, c’était Spider-Man, dans sa version de 1977 (dont certains épisodes comptaient au générique Ralph Bakshi, qui allait réaliser un peu plus tard une première – et très belle – adaptation du Seigneur des Anneaux de Tolkien). Mon premier contact avec les superhéros est passé par ce dessin animé qui adaptait très naïvement les aventures du Tisseur, et dont le personnage principal s’appelait Pierre Parker (à l’époque, on francisait tous les prénoms). Si vous voulez rigoler un peu (et entendre le splendide générique adapté en français et chanté par le Québecois Jacques Labelle), allez écouter les formidables doublages d’époque ici. La voix du Docteur Octopus vaut son pesant de tentacules. Et si vous voulez vraiment le gros choc culturel, allez écouter la chanson du dessin pseudo-animé consacré à Namor, prince des mers, ici (il s’agissait d’une des séries américano-canadiennes mettant en scène certains personnages emblématiques de Marvel dans des aventures où l’animation se limitait au strict minimum, c’est à dire un petit peu ce qui se faisait dans Papivole en France, hu hu hu).

Bref, j’étais fan de Spider-Man (et figurez-vous que je le suis toujours) à la taylay, mais j’ignorais encore l’existence des comics. Et puis un jour, je tombai par hasard sur un numéro de Strange où figurait le petit logo en forme de tête de Spider-Man…

Rouge.

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Mais… mais pourquoi y a quatre Daredevils, d’un coup ? Et pourquoi un rouge et trois roses ? Nanmého !

Ce fut sans doute une des premières curieuses dissonances culturelles pour moi. À l’époque, nous avions (comme beaucoup de foyers français, on parle de la fin des années 1970, et fin 1977 pour être précis) une télé en noir et blanc à la définition baveuse. Et quand je dis “noir et blanc”, il faut plutôt penser “noir et verdâtre”. Les aventures de l’Arrrrrraignée, je les voyais donc en noir et vert. Et pour moi, Spider-Man portait un costume vert. Stupéfaction ! Il me fallut un certain temps pour accepter ça : je trouvais ces couleurs un peu… primaires. Quoi qu’il en soit, mon premier Strange présentait également un épisode de Daredevil, et il fallut que mon frère m’explique comment ça fonctionnait, la bayday. Je ne comprenais pas pourquoi le héros se transformait régulièrement en plusieur gus en rose chaque fois qu’il faisait des acrobaties… Ca n’était carrément pas logique !

La contemplation (la lecture allait venir plus tard, vu que j’entrais au CP l’année suivante et que je trépignais d’impatience à l’idée d’apprendre à lire) des cases de ce Strange fut une révélation : les comics, c’est vraiment n’importe quoi. Et j’adorais ça ! (Si vous voulez faire un petit tour en Nostalgie à peu de frais – moins de 15 euros -, procurez-vous d’urgence cet excellent bouquin, abondamment illustré, qu’est “Nos années Strange“)

Pendant toutes mes années scolaires, j’alternai donc entre les parutions Lug et Aredit : albums, mais surtout périodiques (Strange, Titans, Nova, Spidey…). Le seul truc qui passait avant les superhéros, c’était Rahan, que ma maman m’achetait et me piquait pour le lire aussi (mais il faut bien reconnaître que Rahan avait appris pas mal de choses chez les Amerloques, notamment dans le dynamisme des dessins et la mise en cases, avec ses dessins qui dépassaient régulièrement du cadre et ses monstres préhistoriques complètement anachroniques mais géniaux).

Bref, c’était une bien belle époque pour un gamin, car en France, les comics, et surtout les comics Marvel, connaissaient une période de vaste diffusion. En fin de collège, puis au lycée, je trouvai des camarades qui partageaient mon affection pour l’écurie Stan Lee et il ne fut pas bien difficile d’entretenir la flamme. Puis vinrent les années fac, où je chinais à Excalibur (à Dijon) mes premiers comics en anglais. J’étais un peu perdu devant la profusion de machins, d’autant qu’il s’agissait de la naissance d’Image Comics, où d’affreuses daubes (essentiellement comises par Rob Liefeld) côtoyaient des trucs un peu plus potables. Heureusement, il y avait deux magazines, Wizard et Hero, qui défrichaient un peu le terrain. Le problème, c’est qu’ils évoquaient également de vastes pans de la culture anglosaxonne qui me demeuraient totalement inaccessibles : à l’époque (je parle en gros de 1990-1996), pas possible d’aller trouver les films, émissions, dessins animés et autres dont parlaient ces magazines sur un internet qui en était encore à ses balbutiements… Il fallait donc se contenter de rêver devant les splendides photos d’un futur film des 4 fantastiques qui promettait (oui, je parle de celui de chez Corman, mais quand on voyait les photos, ça faisait illusion !) ou devant celles de séries de fantasy hors du commun intitulées Hercule ou Xéna…

Tout ça ne déferlerait que plus tard chez nous, mais la lecture des magazines permettait d’avoir un poil d’avance. Et on y découvrait aussi des pépites : Madman de Mike Allred, Bone de Jeff Smith, et le Sandman de Neil Gaiman ! C’était aussi l’époque des débuts d’Alex Ross : impossible de ne pas tomber en pâmoison devant la mini-série Marvels, qui bouleversait le paysage des comics. Pendant ce temps, les éditeurs de comics vivaient eux aussi une période complexe, avec la semi-sécession des artistes qui allaient former Image Comics et changer un peu les règles du jeu.
Le frère d’une de mes amies (que je ne remercierai jamais assez !) commença à me prêter de la lecture un peu moins “je mets mon slip par-dessus mon pantalon et on dirait que je viendrais d’une autre planète” et un peu plus “je m’appelle Alan Moore et quand tu auras fini ce bouquin tu auras besoin d’une thérapie”. Les Watchmen (que je re-découvrais, après un premier rendez-vous manqué lors de la parution des premiers épisodes chez… Lug ? Je ne sais plus, et pas moyen de retrouver la référence, mais la première publication se fit sous couverture souple, au compte-gouttes, et s’arrêta avant la fin… ou alors c’est que ma libraire ne les prenait plus ! EDIT : c’était Aredit, en fait : voilà les couv’ ici, et merci au Raton Laveur mentionné plus bas), le Sandman (que je pouvais ENFIN lire !), V pour Vendetta (qui me retourna définitivement le cerveau)…

Aujourd’hui, quand je passe à la Fnac ou chez Cultura, je suis bluffé par la profusion de comics et de mangas qu’on y trouve. Tout ça sous des formats sexy, chez Urban Comics ou Panini, avec des couvertures splendides, des articles sur les auteurs et autrices, des reproductions des couvertures originales ou alternatives… Difficile de penser qu’à une époque, trouver les quatre ou cinq principaux magazines de comics français chez un marchand de journaux tenait de la gageure… Et pourtant, je me rappelle que mes amis et moi, nous surveillions avec vigilance le rayon “enfants” de la librairie locale, guettant les parutions, et en particulier les albums, pour ne pas les rater ! On se téléphonait pour donner l’alarme !

“Hé, le dernier album des X-men est sorti, mais quand je l’ai pris, il n’en restait plus qu’un. Faut te grouiller si tu veux le choper !”

Où j’en étais, déjà ?

Ah oui : aujourd’hui, il y a beaucoup de comics. Les séries X-men se déclinent presque à l’infini, ou en couleurs, comme les Pokémon. L’univers Marvel, qui gagne en popularité au cinéma (c’est rien de le dire !), devient particulièrement complexe dans les comics. Pas évident de trouver des choses digestes quand on n’est pas complètement accro à l’actu des superhéros…

Oui, mais parfois, on a des potes qui connaissent particulièrement bien le sujet et qui vous dirigent vers des choses récentes et excellentes… Et ça tombe bien, un pote comme ça, j’en ai un : un raton laveur galactique et érudit, mordu par un comics radioactif. Il m’a recommandé quelques pépites, dont je vais vous parler dans les jours qui viennent (en plus de vous entretenir des films que j’ai vus récemment, de l’actualité rôlistique et des phases de la lune !).

Allez zou, à demain !