Non, ce post ne parlera pas de la manif-partouze… pouf pouf : pour tous, pardon.

Hello les amis ! Dernier post de la semaine avant un week-end bien mérité (en fait, non : qui peut “mériter” un week-end, déjà ? Et qu’arrive-t-il aux gens qui ne le méritent pas ? Ils passent direct du vendredi au lundi ? L’affaire est à creuser…)

Enfin bref. Ces deux dernières semaines, j’étais en mode créatif/écriture de scénar, et ça m’a beaucoup occupé l’esprit. Créer, même lorsqu’il s’agit surtout d’agglomérer un certain nombre de choses anciennes pour en faire “quelque chose de nouveau mais avec un goût d’hier”, ça mobilise énormément d’énergie. Curieusement, d’ailleurs, ça en nécessite davantage quand on sait ce qu’on fait que quand on y va un peu au feeling (cela dit, j’ose espérer que le résultat est quand même meilleur dans le premier cas). Ce qui est rigolo, avec le cerveau, c’est qu’il fait un peu ce qu’il veut, parfois. Et surtout, quand on le sollicite beaucoup, il continue tout seul sur sa lancée.

La nuit, autour de 2h du matin, par exemple. Le con.

Ca m’était déjà arrivé quand j’apprenais les bases de l’informatique (et c’est aussi arrivé à nombre de mes élèves lorsque je leur enseignais ensuite ces méthodes, en particulier la gestion de fichiers et l’utilisation d’Excel) : la nuit, je rêvais que je déplaçais des fichiers, des dossiers, que je les renommais. Je m’endormais en pensant par exemple aux courses que je devais faire, et mon esprit sur le point de glisser dans le rêve symbolisait mon caddie par un dossier où je rangeais toutes les courses comme des fichiers. C’était assez rigolo : le cerveau continue à s’exercer la nuit.

Eh bien ça m’a fait la même chose avec l’écriture de scénar : je viens de passer ma nuit à jongler entre les paragraphes, à couper-coller des phrases, à réécrire des trucs… Je n’en ai bien sûr aucun souvenir.

Tout ça pour dire qu’il s’agit de quelque chose de très nouveau pour moi (alors que j’ai quand même quelques scénarios de JDR au compteur…), que j’acquiers de nouveaux savoir-faire, en espérant qu’ils me faciliteront la tâche par la suite. Je ne sais pas de qui je tiens tout ça, mais en ce qui concerne ma passion pour les récits, ça ne fait aucun doute, ça vient de mon grand-père, Stanislas Kolak.

C’était un formidable conteur, mon grand-père, et un bonhomme hors du commun. Il avait toujours dans ses poches des croûtons de pain ou des restes de bouffe à donner aux oiseaux ou aux chats errants qu’il croisait sur son chemin, en balade, quand il n’était pas sur sa vieille mobylette orange de papy. Il prenait le temps de faire les choses bien : je me rappelle encore de ses gestes mesurés rien que pour peler une pomme, c’était quelque chose qu’il fallait faire correctement. Il était incroyablement présent.

Et mon grand-père racontait des histoires incroyables. Des mélanges de contes de fées, d’histoires drôles et de tout ce qu’il avait vu à la télé, parce qu’il adorait les films d’aventure, et surtout la série des Tarzan avec Johnny Weissmuller (pardon pour mon gag dans la photo en haut, mais c’était plus fort que moi). Mon grand-père savait également jouer de tous les instruments, et je dis bien tous : il suffisait de lui mettre un machin qui fait de la musique entre les mains pendant une heure pour qu’il comprenne comment en tirer une mélodie. Le piano, le violon, et surtout l’accordéon, il savait jouer de tout ça. Il ne s’est arrêté d’en jouer qu’en 1981. Il a mis ses instruments de musique en berne, en quelque sorte, par solidarité avec son pays qui souffrait (à l’époque, ça ne rigolait pas trop en Pologne). Mais il a repris ensuite, hein !

Quand j’allais chez mon grand-père, je n’attendais qu’une chose : qu’il nous raconte des histoires, à mon cousin et à moi. Il se posait en nous regardant avec un air malicieux, et il nous disait : “est-ce qué tu connaisse l’histoire de çui qui faisait de la musique en pétant ?” Il avait toujours le chic pour trouver des accroches complètement abracadabrantes, mon grand-père : je vous garantis que l’histoire du gus qui produisait des mélodies avec son derrière valait mieux que tous les contes de Grimm réunis, avec le petit bonus scato qui va bien en plus. En racontant son histoire, mon grand-père vivait le truc, et il riait aux éclats avec nous quand il racontait les passages les plus hilarants. Il ne nous a jamais raconté la même histoire deux fois de suite. Chaque fois, c’était de l’impro, chaque fois c’était génial.

Et surtout, il y avait un petit quelque chose en plus…

Toutes les histoires de mon grand-père se finissaient par une grande fête ou un festin. Généralement, c’était un mariage. On attendait ce moment-là, parce qu’il était super important : c’était un de ses codes narratifs, et le plus essentiel. L’histoire se finissait dans la joie, le péteur musical épousait la princesse (chez qui l’amour de la musique et de la performance l’emportait sur la sensibilité olfactive), et il y avait un grand bal. Tout le monde dansait (même dans la jungle, quand c’était une histoire de Tarzan), et surtout…

“Tu sais pas qui c’est qui jouait de l’accordéon pour faire danser tout ce monde-là ?”

Nous, on savait, bon sang, et on était fiers, parce que croyez-moi, y a pas beaucoup de familles qui peuvent se vanter d’un tel exploit, alors tu penses bien, on se sentait super privilégiés. Mais on faisait non de la tête, évidemment, ça aussi ça faisait partie des codes.

“C’était moi !”

Tous nos potes pouvaient nous raconter ce qu’ils voulaient sur leurs ancêtres héroïques, notre grand-père à nous avait fait danser Tarzan (et une palanquée d’autres héros), et c’était systématiquement à lui que les gens faisaient appel quand on venait de trucider un dragon ou une autre saloperie du genre… Est-ce qu’on y croyait ?

Punaise, les ami·es, si vous aviez pu regarder mon grand-père dans les yeux à ce moment-là, vous auriez su que c’était vrai.

Bon week-end à tous (ou bon vortex temporel à ceux qui se retrouveront projetés à lundi sans passer par la case repos) et à la semaine prochaine !